Le 16 janvier 2025 à 23h05, France 2 diffuse : "Complément d’enquête : PFAS : la grande intox de l’industrie", une enquête réalisée par Emilie Rosso.
Emilie Rosso : "Il faut vraiment voir le problème des PFAS comme un problème d’émissions pour fabriquer des objets"
Comme l’explique Emilie Rosso, aujourd’hui on trouve des PFAS partout. "Les PFAS, il y en a partout. Vous en avez dans votre mascara, vous en avez dans votre téléphone, moi, j'en ai sur ma veste. Ce sont des molécules extrêmement résistantes. Il y en a près de 10.000. Et les PFAS, ça n'existe pas à l'état naturel. C'est l'homme qui les a créés et qui en a mis partout. On les met partout parce qu'ils sont ultra-résistants aux températures, aux dégradations, au froid, au chaud, ils n’aiment pas le gras, ils n’aiment pas l'eau, donc ça permet de rendre imperméable, ça permet de durer dans le temps. On va en avoir dans certains plastiques, comme revêtement antiadhésif, mais aussi les semiconducteurs de vos ordinateurs. On en a aussi des imperméabilisants, par exemple dans les emballages alimentaires, sur vos vestes…"
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, avec les PFAS le danger n’est pas au contact de la peau. Un mascara avec des PFAS, par exemple, n’est pas dangereux en soi. "C’est le fait de produire le mascara avec ces PFAS qui va émettre des PFAS dans l'environnement, et qui fait qu'on va les boire, qu'on va en manger. Il faut vraiment voir le problème des PFAS comme un problème d’émissions pour fabriquer des objets." Faut-il avoir peur de ces PFAS au quotidien ? "Ces PFAS sont persistants. Ils rentrent dans le corps humain. Et une fois qu'ils sont rentrés dans le corps humain, ils y restent pendant des années. Certains PFAS sont aujourd'hui reconnus comme étant toxiques : cancer du rein, cancer des testicules… Mais ce sont aussi des perturbateurs endocriniens. Donc, même des petites doses de PFAS vont provoquer certaines perturbations endocriniennes. C'est aussi très dangereux pour les enfants", a expliqué Emilie Rosso.
"Dupont connaissait la dangerosité des PFAS, et il a fallu attendre 60 ans"
Certains PFAS sont néanmoins cancérogènes et sont liés à la baisse de fertilité chez la femme. "On sait aujourd'hui qu'il y a une explosion des cancers environnementaux. On sait que les cancers, c'est multifactoriel, mais on ne sait pas quelle est la part de ces substances toxiques, dont certaines sont reconnues cancérogènes, dans l'explosion de ces cancers environnementaux. Concernant la fertilité, c'est effectivement reconnu. Après, cela prend du temps, il faut des études épidémiologiques, et c'est pour ça que ça prend des décennies. Et l'industrie profite justement de ce temps nécessaire à la science pour pouvoir continuer à diffuser des molécules pas tout à fait propres. Vous vous rendez compte du temps perdu ? Dans le documentaire on parle de 3M, mais on a aussi des documents sur Dupont. En 1961, Dupont connaissait la dangerosité. Et il a fallu attendre 60 ans. C'est en 2020 seulement que le PFOA se retrouve interdit en France. Et 2012, Tefal a arrêté d'utiliser du PFOA, qui est reconnu aujourd'hui comme cancérogène avéré, pour fabriquer ses poêles. Mais vous vous rendez compte du temps perdu ?", a fait savoir Tristan Waleckx.
Où en est-on donc de l’interdiction des PFAS ? "Certains PFAS sont interdits, mais pas tous. Et c'est tout l'enjeu de la restriction européenne qui est en cours d'analyse. Cette fois-ci, on va interdire toute la famille. Parce qu’une fois qu'une molécule est interdite, l’industrie va en inventer une autre qui est de la même famille et qui va s'avérer par la suite tout aussi toxique. Donc l'Union européenne a dit ‘stop, on va arrêter toute la famille des PFAS’. C'est en cours d’élaboration, et c'est pour ça qu'il y a un lobbying intense", a répondu Emilie Rosso.
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.