"Les fake news n'arrivent pas par hasard'
Les trois premiers épisodes de la collection documentaire "La fabrique du mensonge" seront diffusés sur France 5 le dimanche 31 mars à 21 heures. Cette collection de six épisodes, initiée par Felix Suffert Lopez et réalisée par Arnaud Lievin et Elsa Guiol, explique comment naissent et se propagent les fake news, qui en sont les instigateurs et comment ont contre-attaqué ceux qui en ont été la cible. Les premières émissions sont notamment consacrées aux vaccins et au Brexit.
Felix Suffert Lopez et Arnaud Lievin : "On a voulu expliquer qu'une rumeur a eu un chemin avant qu'elle n'apparaisse, quelqu'un l'a fabriquée. Le chemin de la fabrication des fake news, qui n'arrivent pas par hasard." Comment sait-on qu'on est en présence d'une fausse information ? "Concernant le vaccin, on s'est intéressé à la rumeur selon laquelle il existe un lien entre le vaccin ROR, contre la rougeole, les oreillons et la rubéole, et l'autisme. Cette rumeur date de 1998 et apparaît dans un contexte particulier, où les gens ont une vraie défiance vis-à-vis des vaccins en raison d'incertitudes. On sait que c'est faux parce que le professeur qui a fait l'étude a été radié de l'ordre des médecins en Angleterre, car il avait des intérêts financiers, il n'a pas respecté les protocoles médicaux pour les prises de sang et l'OMS a dit que c'était faux. Les scientifiques ont travaillé dessus, douze contre-études ont ensuite été faites, certifiant qu'il n'y avait pas de lien. On a choisi la rumeur sur le vaccin ROR car c'est celle sur laquelle il y a le plus de documentation pour prouver que c'est faux."
"La force des créateurs de fake news est de jouer sur les émotions"
"Le Brexit est un cas d'école de propagation des fake news, car il y a à la fois la fausse information et l'utilisation des réseaux sociaux pour diffuser cette fausse information, sans oublier l'utilisation des données personnelles pour faire du micro-ciblage. Le scandale de Cambridge Analytica, qui est l'utilisation frauduleuse de données personnelles pour cibler des électeurs potentiels, a eu un retentissement mondial, car il a impacté le Brexit et la campagne de Donald Trump. Ça a permis une prise de conscience mondiale et aux géants du web, d'entreprendre un vrai travail pour lutter contre les fake news. Mais ils interviennent toujours trop tard."
Ce qui est effrayant dans le documentaire, c'est qu'on a l'impression qu'on ne peut rien faire une fois qu'une fake news est passée. "La force des créateurs de fake news est de jouer sur les émotions. Le mensonge est hélas beaucoup plus sexy que la vérité. On ne convaincra pas les convaincus mais on peut essayer de convaincre ceux qui doutent et éviter qu'elles ne se propagent trop. Éveiller une sorte d'esprit critique pour douter, quand on voit arriver une fake news.
Il y a un énorme travail de pédagogie à faire auprès des jeunes générations mais pas uniquement : ceux qui partagent le plus de fake news sont ceux qui ne sont pas nés avec Internet."
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