Le 10 avril 2025 à 21h10, France 2 diffusera "Cash investigation : L’Intelligence Artificielle a-t-elle pris le contrôle sur notre quotidien ?", une enquête réalisée par François Cardona. Elle sera ensuite disponible sur www.france.tv.
François Cardona : "L'IA rapporte moins d'argent qu'un contrôleur humain"
Dans son enquête, François Cardona s'est notamment intéressé à l'usage de l'intelligence artificielle dans la fonction publique, et notamment au FTAP. Qu'est-ce que c'est ? "Le FTAP, c'est le Fonds pour la transformation de l'action publique. C'est un fonds pour financer des projets innovants, que les ministères ou les administrations peuvent solliciter si elles ont un projet innovant. On s'est rendu compte en regardant ces contrats dans le détail qu'il y avait un financement qui était accordé : par exemple, 5 millions d'euros pour l'IA qui fait du contrôle fiscal. Et en échange de ces 5 millions d'euros, l'administration en question s'engage à faire des économies. Et ces économies, elles sont calculées en fonction du nombre de fonctionnaires de d'ETP (équivalents temps plein) supprimés sur deux-trois ans. On a récupéré tous les contrats et on a fait les calculs : environ 2.600-2.700 postes de fonctionnaires ont été supprimés."
L'intelligence artificielle est déjà utilisée en France dans le cadre du contrôle fiscal… "Les contrôleurs fiscaux reçoivent des listes d'entreprises ou de particuliers qui sont susceptibles d'avoir fraudé, des listes qui ont été générées par intelligence artificielle. Donc du coup, il y a toujours un contrôle humain, l'IA ne décide pas toute seule. Le problème dont nous ont fait part de très nombreux contrôleurs fiscaux, c'est que l'IA rapporte moins d'argent qu'un contrôleur humain, en tout cas à l'heure actuelle. Et ce qui interpelle, c'est que l'IA prend quand même une place énorme dans le contrôle fiscal : 50% des entreprises ou des particuliers qui sont contrôlés, c'est l'IA qui a dirigé le contrôle vers eux. Or, on s'est rendu compte que sur les 15 milliards qui ont été mis en recouvrement en 2023, l'IA, c'est 2 milliards. Et puis surtout, on s'est rendu compte que l'IA est surtout efficace pour identifier des fraudes simples."
"Dans une banque française, l'IA note les chargés de clientèle"
François Cardona s'est aussi intéressé à l'analyse d'émotions par l'ordinateur. "Parmi les pratiques interdites par l'IA Act, il y a l'analyse d'émotions par intelligence artificielle sur le lieu de travail. C'est interdit pour le recrutement et également pour les salariés : on n'a pas le droit d'analyser le visage. Mais, en tout cas, sur les derniers mois qui ont précédé la mise en vigueur de l'IA Act, il y a des sociétés qui proposaient ce genre de services. Notamment pour permettre à des entreprises d'évaluer leurs propres salariés par des mises en situation au moment où ils doivent répondre à des mails, répondre à des appels téléphoniques…C'est une IA qui appelle, et pendant ce temps-là, elle analyse les attitudes du salarié face à son ordinateur, ses mimiques, ses gestes, et puis elle en tire des conclusions."
En revanche, l'analyse d'émotions est autorisée dans d'autres contextes. "Voyez par exemple l'analyse des émotions des clients. Une banque française analyse toutes les interactions de leurs chargés de clientèle qui parlent au téléphone avec les clients. L'IA écoute les conversations, analyse, puis note les chargés de clientèle. Elle leur donne des notes, elle les classe entre eux, elle dit même qui est le meilleur et qui est le moins bon de l'équipe. L'IA a analysé les émotions de ces employés. La banque en question nous a répondu que l'analyse d'émotions n'était pas dirigée vers les chargés de clientèle mais vers les clients", a raconté François Cardona.
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.