Le décès de Johnny Hallyday, disparu ce mercredi à l'âge de 74 ans, a profondément bouleversé le pays. Une émotion qui résume à elle seule l'importance qu'avait pris la star dans l'imaginaire collectif français. Une omniprésence que le sociologue Jean-Pierre Le Goff justifie par un réflexe nostalgique.
Invité ce jeudi du Grand Matin Sud Radio, ce spécialiste de mai 68 s'explique :"Il y a d'abord une forte nostalgie pour des catégories entières de personnes vis-à-vis de leur jeunesse. C'est tout à fait humain et normal. Ça rappelle notamment un peu le temps des booms et des flirts (...) et il y a un autre aspect plus global : la France des trente glorieuses avant la crise. C'est-à-dire qu'il y a, à ce moment là, une insouciance de la jeunesse et le phénomène rock l'illustre tout à fait ! Or, dans un présent qui sous beaucoup d'aspects apparaît comme régressif et qui fait peur, il y a cette nostalgie très présente de la France d'avant qui peut d'ailleurs être assez idéalisée", analyse-t-il d'abord. "Il y a un troisième aspect, important à mon avis, qui est lié à Johnny Hallyday et plus largement à la culture rock : c'est la figure du rebelle adolescent qui a été totalement intégrée dans les sociétés démocratiques. On a enfoui en nous un rebelle adolescent et ce qu'a su faire Johnny Hallyday magiquement et formidablement, c'est de réveiller tout ça à travers ses interprétations de chansons (...). Il incarne tout ça, c'est pour ça que beaucoup de gens peuvent s'y retrouver", poursuit-il. avant d'ajouter : "La caractéristique de Johnny Hallyday, c'est que son côté sombre et tragique est porté par une musique qui explose et c'est ça qui, à mon avis, donne la force de ses interprétations".
Et l'intéressé d'insister sur la longévité de l'artiste qu'il attribue à sa capacité à s'adapter et à constamment se renouveler selon les époques : "Quand on parle de chanson populaire, il y a une certaine saveur de l'air du temps, il (Johnny Hallyday) en a incarné beaucoup".