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Jacques Pradel : "La police scientifique ne mène pas d’enquêtes sur le terrain"

Par Jean Baptiste Giraud

Jacques Pradel, journaliste et chroniqueur judiciaire, était l’invité de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 28 février 2024 dans "Sud Radio Média".

Jacques Pradel
Jacques Pradel, invité de Christine Bouillot et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Jacques Pradel publie un livre qu'il a coécrit avec François Daoust : Police technique et scientifique : le choc du futur (Éditions du Rocher).

 

Jacques Pradel : "Il y a des chercheurs qui font du Sherlock Holmes 2.0"

"C’est l’originalité de la gendarmerie de former ses propres scientifiques. Dans ses laboratoires d’analyses, les scientifiques ont deux casquettes : ils sont scientifiques, mais ils sont gendarmes aussi. Et souvent, officiers de police judiciaire. Ils savent ce qu’est une enquête. Et tous les 3, 4 ou 5 ans, ils repartent sur le terrain. À la police nationale, ils font appel à des scientifiques lorsqu’ils en ont besoin, mais ces scientifiques ne sont pas policiers", a raconté Jacques Pradel.

La police technique et scientifique est-elle fidèlement représentée dans les films et séries télé ? "La grande différence des séries télévisées avec la réalité, c’est que les gens de la police scientifique ne mènent pas d’enquêtes sur le terrain, jamais. Ils sont là pour, avec la science, ouvrir des pistes d’enquête pour des services de terrain. C’est du Sherlock Holmes. Il y a des chercheurs qui font du Sherlock Holmes 2.0. Mais il vaut mieux qu’il ait de l’expérience, que son pifomètre ne tombe jamais en panne… C’est comme ça qu’on résout des affaires criminelles", a répondu Jacques Pradel.

 

"Je me réjouis que la reconnaissance faciale ne soit pas utilisée pendant les Jeux olympiques"

Que pense Jacques Pradel des caméras intelligentes et de la reconnaissance faciale ? "Je trouve que les inquiétudes des citoyens sont légitimes. Cela ne veut pas dire qu’il faut faire des films catastrophes. Toujours est-il qu’il ne faut pas que ça tombe entre de mauvaises mains. Je me suis réjoui, en tant que citoyen, que le gouvernement fasse le point sur la reconnaissance faciale il y a quelques mois en disant que 'c’est une technique qui ne serait pas utilisée pendant les Jeux olympiques'."

"Lorsqu’une invention comme la reconnaissance faciale est faite, on se dit : ‘c’est formidable parce qu’il y a beaucoup plus : des algorithmes qui peuvent repérer dans une foule une personne au comportement suspect. Mais ces technologies ne sont pas utilisées dans l’espace public. En revanche, dans un cadre privé, ça s’utilise : par exemple, au Parc Disney il y a des caméras intelligentes. Il y a toujours deux faces à la médaille : la bonne face et puis la face noire. Là, c’est dans un but de santé publique et de sécurité. Si quelqu’un a un comportement étrange, la parade est passée… il y a des gens qui font des pré-AVC ou des pré-crises cardiaques. Encore faut-il savoir quel prix on est prêts à payer pour notre sécurité…", a poursuivi Jacques Pradel.

"Les avancées techniques repoussent la période de temps sur laquelle une enquête pourra se résoudre"

Jacques Pradel milite pour de l’allongement de la durée de prescription. "Quand on fait le constat des progrès continuels de la police technique et scientifique, ces progrès-là repoussent de plus en plus chaque année, chaque mois ou chaque semaine la période de temps sur laquelle une enquête pourra se résoudre. Or, on a le mur de la prescription. Il y a quelques années, en 2017, la prescription pour homicides a été portée de 10 à 20 ans. Et moi, je me dis : '20 ans, ce n’est pas suffisant, il faut poursuivre'. On a lancé avec Christian Portes une pétition demandant non pas l’imprescriptibilité, mais au moins la réouverture du dossier, et qu’on réfléchisse."

 

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Christine Bouillot.

Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.

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