Pour Jean-Marie Boursicot, le film publicitaire est une oeuvre d'art. "Dans le film publicitaire, il y a quand même des réalisateurs, des comédiens, des musiciens, des monteurs. Parce qu’il y a des films publicitaires qui sont vraiment des chefs-d’œuvre techniques."
Jean-Marie Boursicot : "Si la Cinémathèque existe, c'est parce que les publicitaires ne se sont jamais intéressés à leur passé"
Jean-Marie Boursicot raconte avoir commencé à collectionner des films publicitaires alors qu’il avait dix ans. "Je faisais les poubelles des cinémas de quartier. J'habitais Marseille à l'époque et je faisais les poubelles des cinémas de quartier. Je ramassais les films que les opérateurs jetaient. Ils ne jetaient pas les longs métrages, ils jetaient les publicités.. Et j'ai continué, j'ai fait mes études. Et une fois que j'ai eu mon diplôme de droit, je me suis dit : je ne peux pas continuer dans ce domaine, je veux rentrer dans la publicité. Je suis rentré à Publicis à Paris en 1978."
L'INA n'aide pas à conserver les publicités ?
Jean-Marie Boursicot : "L'@Inafr_officiel ne conserve pas les films publicitaires. C'est peut-être du mauvais argent ou pas de l'art, je ne sais pas. Et les films étrangers ne les intéressent pas !" https://t.co/gDD5rdDAxp pic.twitter.com/wIrqvwuuDY
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Comme le raconte Jean-Marie Boursicot, garder les vieux films publicitaires n’intéresse pas les marques. "Le but de la Nuit des Publivores, c'était d'abord de faire partager ma passion en montrant les films que j'aimais. Et il n'y a eu aucun sponsor qui m'a imposé de mettre ces films ou m'interdire de passer des films des concurrents. Et ça permettait aussi de financer la Cinémathèque, qui a toujours été une cinémathèque privée, qui n'a jamais eu de subventions. Si la Cinémathèque existe, c'est parce que les publicitaires ne se sont jamais intéressés à leur passé, que ce soit les producteurs, les annonceurs… Parce que le Syndicat des annonceurs, c'est leur mémoire que je garde, ça ne les intéresse absolument pas."
"Les films les plus fragiles, c’est ceux des années 1970, 1980 et 1990, en vidéo"
Ces vieux films ne s’abîment-ils pas avec le temps ? "Les films argentiques de cinéma sont fragiles, mais ils ne s'abîment pas trop. Ce qui me fait peur, c'est les films d’après, ceux des années 1970, 1980 et 1990, en vidéo. » Aujourd’hui, Jean-Marie Boursicot essaie de numériser ce fonds. "Mon but avec le partenaire, c'était de finir la numérisation de tout et faire une application sur laquelle toute la Cinémathèque serait accessible à tout le monde. Il y aurait un peu comme pour l’INA, des vidéos en basse définition gratuite pour essayer de chercher. Et puis après, quand on voulait, si on voulait vraiment le film à haute définition en 4K, ça aurait été peut-être un peu payant pour faire vivre la Cinémathèque. Mais ça a été bloqué depuis deux ans. J’ai trouvé quelqu’un qui va financer la numérisation et la mise sur un site dédié de la totalité de la Cinémathèque… mais l’argent est bloqué à cause des sanctions européennes. J’ai signé avec une société anglaise, mais la société anglaise a une maison mère à Moscou, et l’argent ne peut pas arriver."
Jean-Marie Boursicot a trouvé un financeur mais l'argent est bloqué en Russie à cause des sanctions
"J'ai signé avec une société anglaise qui a une maison-mère à Moscou, l'argent ne peut pas arriver. On m'empêche de toucher cet argent" https://t.co/gDD5rdDAxp pic.twitter.com/u2BloTEptv
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Comment Jean-Marie Boursicot obtient-il ces films publicitaires ? "J’ai des autorisations de diffusion, c'est des agences qui me les envoient. Ce n'est pas moi qui vais les pirater sur les chaînes. Chaque année, on reçoit entre 20.000 et 25.000 films. Aujourd’hui, on en a 1,5 million. Ces films, qui arrivent chaque année du monde entier, sont déjà numérisés parce que depuis deux ans ou trois ans maintenant, c'est des fichiers."
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