Le samedi 22 mars 2025 à 22h55, Paris Première diffuse le documentaire de Kevin Fafournoux "Sauvons les Kevin !".
Kevin Fafournoux : "J'en avais marre de voir des blagues sur les Kevin sur les réseaux sociaux"
Longtemps associé à une série de stéréotypes, le prénom « Kevin » est devenu un véritable phénomène de société, souvent source de moqueries et parfois même perçu comme un synonyme de médiocrité. Pour mieux comprendre ces idées reçues et en explorer les origines, Paris Première propose, dans la lignée de ses documentaires décalés ("Les préjugés. Bienvenue au pays des idées reçues !", "Les Cons… une espèce presque rare" etc.) le documentaire inédit "Sauvons les Kevin !" réalisé par Kevin Fafournoux.
De quoi est partie l'idée de ce documentaire ? "Depuis plusieurs années, je suis plutôt embarrassé lorsque je dois donner mon prénom auprès de personnes que je ne connais pas. Parce que je sais pertinemment qu'on va mettre une étiquette ou un cliché sur moi sans même me connaître, et ça me gêne. Et puis j'en avais marre aussi de voir toutes les blagues et tout ce qu'on peut voir sur les Kevin sur les réseaux sociaux ou ailleurs. Je me suis dit qu'il fallait vraiment étudier cette problématique et essayer de comprendre d'où ça vient, pour essayer de déconstruire tout ça", a expliqué Kevin Fafournoux.
"Dans les années 1990, les classes populaires ont conquis leur autonomie culturelle et ont choisi des prénoms américanisés"
Comme l'explique Kevin Fafournoux, la mauvaise réputation du prénom Kevin tient à une émancipation des classes populaires qui n'a pas été bienvenue. "Malencontreusement, ça part d'une blague et de second degré sur un prénom, c'est quand même quelque chose de plutôt léger qui se répète et qui crée de la discrimination. C'est là où il y a un vrai problème. Comme l'évoque Baptiste Coulmont, le sociologue spécialiste du prénom qui est dans le dans le film, depuis toujours, le choix des prénoms a été porté par les classes supérieures, puis a découlé vers les classes inférieures. Et dans les années 1990 ce modèle a volé en éclats par une émancipation des classes populaires, qui ont conquis leur autonomie culturelle et qui ont choisi des prénoms américanisés. À l'époque, c'était vraiment la mode : Kevin Costner est arrivé à ce moment-là, en 1990, ça a été un vrai phénomène de mode. Et cette émancipation a été très mal perçue. C'est là qu'ont commencé les blagues, les clichés, les stéréotypes à travers les sketchs d'humoristes. C'est resté, et Internet a perduré le phénomène, avec tous les articles qu'on a pu trouver."
Kevin est un prénom d'origine écossaise. Kevin Fafournoux a d'ailleurs fait un voyage en Écosse. "J'ai découvert le pèlerinage Saint Kevin. C'est tout petit, mais ça mérite le détour. Et surtout, Kevin, initialement c'était un prénom donné à un saint qui voulait dire 'de noble naissance' ou 'bien engendré'. Donc, ça partait vraiment d'un bon sentiment, c'était une personne qui était très respectée. Et surtout, c'est le deuxième saint après Saint Patrick en Irlande, donc c'est quelqu'un de très respecté, il y a des églises qui portent son nom. Là-bas c'est un délire. Mais ça a pris et ça a mal tourné."
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