Martine Laroche-Joubert : "Quand on me demande quel reportage j'ai préféré, je dis toujours le prochain !"
Martine Laroche-Joubert, grand reporter de France 2, décide à 72 ans de révéler, par écrit, les coulisses de son métier. Des zones de guerres au Kosovo, en Irak ou en Syrie à ses rencontres avec Nelson Mandela ou Laurent Gbagbo : Une femme au front, mémoires d'une reporter de guerre est publié aux éditions du Cherche Midi. "Je n'avais pas tellement envie d'écrire ce livre à la base, parce que je n'aime pas revenir sur le passé, explique Martine Laroche-Joubert. Quand on me demande quel reportage j'ai préféré, je dis toujours le prochain !
Si je l'ai fait, c'est parce que j'ai l'impression que ce métier est menacé, dans les rédactions, par les comptables, les financiers, qui trouvent que les reporters sont un luxe inutile. Ils ne comprennent pas pourquoi on veut aller si loin. Je trouve indispensable d'aller voir, de témoigner, d'interviewer des gens qui n'auraient pas la parole si on n'était pas là pour la leur donner. C'est un métier indispensable pour comprendre le monde et qui est menacé".
"Le reportage coûte beaucoup moins cher qu'autrefois"
Les journalistes sont une des professions les plus détestées. Mais aujourd'hui, le métier de grand reporter, partir à l'étranger pour couvrir un conflit, est-il en voie de disparition ? "On est à un moment charnière. Autrefois, on pouvait rester plusieurs semaines dans certains endroits comme en Irak. Ça n'existe plus aujourd'hui, sauf ponctuellement. On a fait, nous reporters, beaucoup d'efforts pour que le reportage coûte beaucoup moins cher qu'autrefois. On part moins nombreux, parfois on ne part qu'à deux. On tourne toute la journée, on monte le soir. C'est un luxe quand on a un monteur avec nous. C'est une énorme tension.
Quand les patrons de presse sont d'anciens journalistes, ça va à peu près. Mais quand ce sont des gestionnaires, ou des gens trop faibles vis-à-vis des financiers ou des patrons de chaînes, nous partons moins. Les politiques attaquent plus les journalistes. On se fait attaquer de tous les côtés : j'ai voulu non pas défendre le journalisme, mais expliquer ce qu'est ce métier.
On reçoit beaucoup d'images dans la rédaction, mais c'est notre expertise qui va compter sur le terrain. On va vérifier les informations, les recouper : les images que l'on reçoit ne reflètent pas forcément la réalité".
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