Le 25 octobre 2023 à 23h05, France 2 diffuse "Infrarouge - En guerre contre le proxénétisme : Au nom des femmes", une enquête réalisée par Mathilde Gautry.
Mathilde Gautry : "On commande aujourd'hui une prostituée comme on commande un VTC"
Comme l’explique Mathilde Gautry, l’unité de la police qui travaille sur le proxénétisme et la prostitution est l'OffiFrance, ce central de répression de la traite des êtres humains, avec une équipe majoritairement féminine. "Ce qui m'a intéressée, c'est le travail de ces enquêteurs et plus particulièrement de ces enquêtrices. Elles représentaient chacune un stade différent dans la carrière. Aurora venait d'arriver à l'Office. Delphine avait un passé, notamment à l'antiterrorisme et avait des connaissances très profondes dans le milieu policier. Et Elvire, cette grande cheffe. Et finalement chacune d'entre elles, à leur mesure, travaille de longues années sur le démantèlement de ces réseaux, qui sont internationaux. Aujourd’hui on n'interpelle pas seulement en France, mais on fait tomber les réseaux jusque dans les pays d'origine des cibles.
En guerre contre le proxénétisme : Au nom des femmes. Un documentaire inédit réalisé par Mathilde Gautry
"Le réseau que j'ai suivi a mis en place un système pour que les prostituées ne soient dédiées qu'à ça. Elles travaillaient de 6h à 23h, 7 jours sur 7. Les filmer c'est un… pic.twitter.com/sWltHOSbsL
— Sud Radio (@SudRadio) October 25, 2023
Il y a une ubérisation totale de la commande d'une prostituée. On voit même des sites où le client peut laisser un commentaire quand il n'a pas été content du service. Et finalement, ces annonces, elles sont faites aussi de façon à faire croire aux clients qu'elles sont postées par les femmes elles-mêmes. On est dans une sorte de glamourisation où la femme dit adorer le sexe. Les photos, la plupart du temps ne sont pas les photos des prostituées qu'ils vont rencontrer. Donc on assiste à des échanges de commentaires entre les clients : ‘alors, vous avez pensé quoi d'elle ? Elle a bien les même fesses que sur la photo ?’ etc. On est dans la marchandisation totale du corps de la femme. On commande aujourd'hui une prostituée comme on commande un VTC. Elles sont présentes sur l'ensemble du territoire, dans des petites villes de province elles sont dans des zones souvent un petit peu plus reculées, pas seulement en pleine ville. En plein après-midi en semaine, il y a un turnover de clients qui est hallucinant", a raconté Mathilde Gautry.
"Le fait d'avoir eu une expérience traumatique avec la sexualité prédispose à la prostitution"
La Croix L’Hebdo publie dans le numéro disponible en kiosques aujourd’hui une enquête sur le fléau de la prostitution des mineurs. Il y a un chiffre qui revient souvent : 15.000 mineurs se prostitueraient en France… "On parle d'une estimation basse par les associations. Le choix qu'on a fait à la Croix, c'est d'aller creuser plus loin et de mettre un visage, une histoire sur ce phénomène. J'ai pu rencontrer Bao, qui s'est prostituée de 16 à 19 ans. On pourrait penser qu'il y a des déterminismes sociaux qui mènent à la prostitution (un niveau socio-économique plutôt faible, une précarité des familles monoparentales)… mais en fait, ce que tous les sociologues que j'ai rencontrés m'ont expliqué, c'est que ça peut toucher absolument toutes les couches sociales", a expliqué le journaliste Rémi Barbet, qui a réalisé cette enquête.
Enquête sur la prostitution des mineurs dans le journal la croix :
🗣️ @Rbarbt :"J'ai rencontré Bao qui s'est prostituée de 16 à 19 ans. Ce que révèle surtout cette enquête c'est que ça peut toucher toutes les couches sociales."
⌨️ https://t.co/U24DZmG4Vj pic.twitter.com/2QwyAZFhny
— Sud Radio (@SudRadio) October 25, 2023
Comment les mineures tombent-elles dans le panneau ? "Il y a un accélérateur, qui est les réseaux sociaux, avec l'hypersexualisation du corps, la mise en avant, cette manière de draguer, de se mettre un petit peu en avant physiquement… Et puis il y a un autre déterminisme qui revient dans quasiment toutes les situations : c'est le fait d'avoir eu une expérience traumatique avec la sexualité : des attouchements sexuels, une agression, un viol qui peuvent apparaître dans la petite enfance… Si ce traumatisme n’est traité, il peut y avoir une résurgence à l'adolescence. Le rapport aux hommes va être biaisé, et bien souvent c’est un rapport de domination. Ce sont des prédispositions qui facilitent l'installation d'une emprise", a fait savoir Rémi Barbet.
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