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Matthieu Lartot : "L'enjeu, c'est que chaque personne en situation de handicap soit représentée dans la compétition"

Par Jean-Baptiste Giraud

Matthieu Lartot, journaliste au service Sports de France Télévisions, était l'invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 2 septembre 2024 dans "Le 10h - midi".

Matthieu Lartot
Matthieu Lartot, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Matthieu Lartot a poussé un coup de gueule dans l’émission "Quels Jeux !" du 1er septembre 2024…

Matthieu Lartot : "Quand on est en situation de handicap, pratiquer un sport, c'est terriblement difficile"

"Le coup de gueule, ce n'est pas vraiment un coup de gueule, c'est juste un constat qui est un peu froid et implacable. Et surtout, c'était plus pour souligner la difficulté d'être en situation de handicap aujourd'hui dans notre société. Et de manière générale, quand on est en situation de handicap, pratiquer un sport, quel qu'il soit, c'est terriblement difficile. Il faut aller autour de 50 km de chez soi pour trouver une structure qui est capable de vous accueillir avec du personnel formé. C'est déjà la première aberration. Et ensuite, pour pratiquer du sport quand on est en situation de handicap, ça coûte très cher. Un fauteuil comme vous le voyez à la télévision en ce moment, c'est entre 9.000 et 15.000 euros. Et ce n’est pas pris en charge par la Sécurité sociale. Quand vous êtes un gamin ou une famille, il y a des investissements hyper lourds pour que votre enfant puisse avoir accès à la pratique du sport. C'est ça que je dénonce aujourd'hui", a expliqué Matthieu Lartot.

Quelle pourrait être la solution ? "Il y a effectivement l'engagement des partenaires, de mécènes, de grandes entreprises pour aider le développement. Je pense que l'État a un rôle majeur à jouer dans la prise en charge. Moi, j'ai monté une association sur le grand appareillage orthopédique parce que j'ai été amputé et que le coût des prothèses est aberrant. La prothèse que j'ai, elle coûte 15.000 euros. Elle est remboursée par la Sécurité sociale, mais ce n'est pas la meilleure des prothèses. La meilleure des prothèses, elle coûte 100.000 euros. C'est des prothèses qu'il faut changer tous les six ans, donc c'est des investissements colossaux. Donc, il y a énormément de choses à faire. La législation doit changer - les lois qui ont été passées doivent être appliquées, elles ne le sont pas. Le remboursement des fauteuils roulants… Aujourd'hui, le reste à charge est énorme", a répondu Matthieu Lartot.

"Il ne faut pas que le sujet du handicap disparaisse une fois les podiums rangés"

Pour Matthieu Lartot, ces Jeux paralympiques sont-ils un moment particulier au niveau personnel ? “Ça résonne d'autant plus par rapport à tout ce que j'ai vécu depuis un an en effet. J'avais un handicap invisible depuis déjà plus de vingt ans : le premier cancer du genou, c'était à l'adolescence. J'ai eu beaucoup de séquelles, une jambette pendant de nombreuses années. Mais c'est vrai que depuis mon amputation, je plonge dans un monde qui jusque-là m'était inconnu. Quand on évoquait tout à l'heure les problèmes d'accessibilité - il y a tant d'autres problèmes dans le milieu du handicap en termes d'équipement, de reste à charge. Mais dans le quotidien, faire adapter une voiture pour pouvoir continuer à conduire quand vous avez été amputé, c'est des frais qui sont lourds, qui mettent du temps à être remboursés. Les gens n'ont pas toujours les moyens d'avancer, et ça, ça restreint l'autonomie des uns et des autres.

Le problème du handicap en France, c'est qu'il isole et qu'il enferme souvent les gens. Et parfois même ils ne peuvent pas reprendre leur travail. Moi, j'ai cette chance d'être revenu très rapidement, mais parce qu'aussi j'ai un métier de passion, et donc j'étais peut-être davantage motivé à reprendre l'exercice de ma profession. Mais voilà, ce sont toutes ces thématiques-là qui sont importantes à évoquer. Et il faut profiter de cette vitrine que sont les Jeux paralympiques pour mettre tous ces sujets sur la table. Et surtout qu’ils ne disparaissent pas une fois les podiums rangés. C'est ça, l'enjeu aujourd'hui."

"En paracyclisme, le temps est ramené en fonction du degré du handicap"

Pourquoi y a-t-il tant de catégories aux Jeux paralympiques ? "L'enjeu sportif, c'est que chaque personne en situation de handicap soit représentée dans la compétition. Et comme il y a des degrés qui sont très différents, il faut bien avoir des épreuves systématiquement pour tous ces para-athlètes. La difficulté, c'est de faire un travail pédagogique et didactique pour que les gens comprennent ce qui se passe. Parfois, il y a des compensations, c'est vrai. Par exemple, en cyclisme sur piste, où il y a des concurrents qui peuvent être sur la piste au même moment, mais qui ne sont pas tout à fait dans le même temps - le temps est ramené en fonction du degré du handicap.

On a vu, nous nos champions Alexandre Léauté, Dorian Foulon par exemple, qui concourent avec des personnes amputées alors que eux ont leurs membres. C’est parce qu'ils n'ont plus de force dans leurs membres à 95%. Donc voilà, ça fait partie de notre travail quotidien à France Télévisions d'expliquer en permanence. On a 21 consultants qui sont de véritables experts et qui vulgarisent un petit peu tout ça. On peut aussi appartenir, comme c'est mon cas, au monde du handicap et ne pas tout maîtriser. Je pense même qu'il y a plein d'athlètes paralympiques qui ne maîtrisent pas toujours toutes les subtilités des règlements. Mais c'est la raison pour laquelle il y a notamment 29 'cent mètres' différents sur ces jeux", a expliqué Matthieu Lartot.

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.

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