Nikita Belluci : "Sur Twitter, on trouve des vidéos zoophiles et pédocriminelles"
"La situation est totalement dramatique. Twitter se fout totalement des lois françaises. Il le dit clairement par un communiqué : ‘si vous êtes mineur, vous pouvez accéder à des contenus pornographiques’. Moi, ça fait depuis 2018 que je le dénonce. Juste une précision : la pornographie n’est pas illégale. Par contre, les choses doivent être cloisonnées, avec des sites spécialisés pour nous, adultes, on sait où aller les chercher. Ça n’a rien à faire sur un réseau social. En plus, sur Twitter on trouve des vidéos complètement illégales, c’est-à-dire des vidéos zoophiles, des vidéos à caractère pédocriminel. Et quand je le dénonce, souvent, la réponse est : ‘oui, mais il faut aller les chercher, on n’est pas tous comme ça’. On trouve sur Twitter des vidéos de guerre où on voit des enfants. Je dois vous dire que même moi, étant maman, quand je vois ce genre de choses, je suis pas bien du tout", a déclaré Nikita Belluci.
"Interpeller les pouvoirs publics, ça ne sert à rien"
Faut-il interpeller les pouvoirs publics ? "Interpeller les pouvoirs publics, de toute façon, je pense que ça ne sert à rien. Jean-Noël Barrot, l’ancien ministre du Numérique, avait reçu Elon Musk, le nouveau patron de Twitter, pour, au final, qu’il ne se passe rien, c’était que du vent. C’est que de la com’. Moi, je ne m’adresse plus aux pouvoirs publics, je préfère m’adresser aux parents. Je dis : en tant que parent, c’est votre devoir de protéger votre enfant des réseaux sociaux : Twitter, TikTok… TikTok, c’est la même chose.
J’ai été reçue par Adrien Taquet [ancien secrétaire d'État chargé de l'Enfance et des Familles, ndlr], et je lui ai dit : regardez ce qui se passe avec les influenceurs de télé-réalité. Je prends l’exemple de Milla Jasmine, qui est une influenceuse avec des millions et des millions d’abonnés. Et ses abonnés sont des mineurs. Elle dit : ‘Coucou mes petits chats, retrouvez mon contenu sur Mym’. Il y a zéro message de prévention. Et quand ces filles-là affichent tout le temps leurs sacs Louis Vuitton, des bracelets en or, quand on a 14 ans, qu’est-ce qu’on veut ? On veut avoir la même chose. Mais comment se le payer ? Alors, des gamines de 13 ou 14 ans vont vendre des photos de leurs pieds, sauf qu’il va y avoir un engrenage, ça va aller de plus en plus loin. Et il y a zéro prévention. Il faut que les gens qui font la promotion de ces sites-là fassent obligatoirement de la prévention", a répondu Nikita Belluci.
"J’ai l’impression que les parents ont honte d’être mis face à leurs responsabilités"
Dans cette situation, que doivent faire les parents ? "Il ne faut pas attendre qu’il y ait un texte de loi pour prendre ses responsabilités. Souvent, les parents font la politique de l’autruche : on leur explique ce qui se passe, mais j’ai l’impression qu’ils ont honte d’être mis face à leurs responsabilités. Ils ont honte de ne pas avoir pris le problème à bras le corps, et ils préfèrent laisser faire. Je suis dans une association qui œuvre contre ça : parce que personne ne me croyait, j’ai passé mon après-midi à faire des captures d’écran de scènes pédocriminelles sur Twitter. J’ai tout un dossier là-dessus.
Nous, à l’époque, qu’est-ce qu’on faisait ? On regardait le porno sur le VHS pendant que papa et maman étaient partis. Puis on a commencé à aller sur des sites spécialisés. Mais maintenant, le porno est directement sur les réseaux sociaux. Les enfants ne vont pas sur Twitter ? Mais si, les enfants vont sur Twitter. Il n’y a même pas besoin de taper des mots clés pour trouver du contenu", a déclaré Nikita Belluci.
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