Entrevue, le magazine fondé par Thierry Ardisson en 1992, change de mains ! Le mensuel, qui a fêté ses 30 ans en 2023, vient d’être racheté par Omar Harfouch. L’homme d’affaires franco-libanais, qui s’est fait connaître du grand public en France en 2006 en participant à "Je suis une célébrité, sortez-moi de là !", vient d’acquérir la marque précédemment détenue par Jérôme Goulon, également rédacteur en chef du magazine.
Omar Harfouch : "Il y a zéro salarié à Entrevue"
En quoi cette nouvelle formule sera-t-elle différente ? "En premier, c'est haut de gamme. Deux, c'est les enquêtes. Des photos et des sujets paparazzi, parce que plus personne n'en fait. Ça coûte très cher à l'achat et en procès. Dans le premier numéro, on en avait deux. C'est aussi donner beaucoup d'espace aux interviews, parce que Entrevue, ça veut dire 'interviews'. On fait beaucoup d'interviews de qualité. Mais il y a encore beaucoup de thèmes que j'aimerais développer. C'est la littérature, la musique, surtout la musique classique et beaucoup d'autres. Je suis personnellement satisfait de ce qu'on a pu faire déjà en deux numéros. Mais contrairement aux autres, je sais ce qu’on va avoir en couverture le mois prochain et même au mois de mars. Et je sais qu'on va monter en gamme encore plus.
Aujourd'hui, les moyens financiers sont quelque chose de très important. J'ai un business plan et un modèle économique qui ne ressemble pas à ceux des autres. Je n'ai pas de salariés, il y a zéro salarié. Tous ceux qui interviennent travaillent pour leur propre compte, ils me font une facture, et on paie sur facture. Il n’y a pas de masse salariale. C’est ce qui m'a donné envie d'acheter Entrevue, il n’y a pas de masse salariale. Mais surtout vous n'avez pas des journalistes qui se mettent en grève ou qui vous disent : ‘moi, j'aime bien Anne Hidalgo, je ne veux pas qu'elle soit en couverture’. Je peux donc mener la politique et la stratégie, que ce soit en termes éditoriaux ou économiques, et je serai le seul responsable s'il y a un échec ou pas.
On a commencé il y a deux mois une campagne publicitaire qui va montrer aux Parisiens et à tous les Français qu'il n'y a plus de trash, qu'ils s'intéressent de plus en plus à ce sujet. Je sais que le prochain numéro fera peut-être plus de bruit que celui-ci. Mais attention, il va y avoir du scandale. Je ne fais pas partie de groupes ni politiques, ni oligarchiques", a raconté Omar Harfouch.
"Je suis millionnaire depuis que j’ai 25 ans"
D’où vient la fortune d’Omar Harfouch ? "Je suis millionnaire depuis que j'ai à peu près 25 ans. J'étais avec mon frère, on est devenus millionnaires en Ukraine. Cette question a fait couler beaucoup d'encre à l'époque, parce qu’on voulait m'abattre avec ça. Parce qu'en France, avoir des moyens, c'est certainement illégal. Je ne comprends pas ça. Si j’étais mêlé à la moindre petite histoire louche, on l'aurait su. Mais mes affaires sont vraiment en toute légalité.
Ça étonne beaucoup qu'un groupe de presse en Ukraine peut emmener une prospérité. Bien, c'est le cas. J'ai été le premier à créer la première radio FM de l'histoire de l'Ukraine. Avec mon frère, on avait fait venir Le Grand Journal en Ukraine. L'équipe du Grand Journal s’est déplacée en Ukraine. On avait produit une émission qui était de très bonne qualité, avec le même studio que Le Grand Journal : avec Les Guignols et le zapping. En mon succès en Ukraine, je le dois à ma vie parisienne. Par exemple le câble : quand il a commencé en France, j'ai déposé une demande pour avoir une activité de câble en Ukraine. Puis il y a eu la TNT… Je voyais le développement technologique à l'avance parce qu'à l'époque, les gens ne voyageaient pas beaucoup. Aujourd'hui, certainement, tout est sur les réseaux sociaux, et donc les opportunités sont ouvertes", a fait savoir Omar Harfouch.
"Je voulais parler des valeurs que j'ai apprises en vivant en Europe"
Omar Harfouch s’était présenté aux élections législatives du 15 mai 2022 au Liban. "Je voulais me présenter au Liban pour une chose très importante : c'était de parler des valeurs que j'ai apprises en vivant en Europe. Le droit de la femme, le droit aux Palestiniens réfugiés au Liban depuis maintenant quatre générations qui naissent au Liban, qui n'ont pas de papiers, ils ne sont pas reconnus, ils vivent dans des ghettos, ils n'ont pas accès à l'eau potable, ni à la médecine… Mais aussi dénoncer le système de la corruption. Et ça, j'y ai réussi. Quatre pays européens se sont mobilisés, ils ont déjà gelé les avoirs du gouverneur de la Banque centrale libanaise. À cette époque-là, on m'avait traité de tout pour m'abattre. Et parmi les choses qu'on m'avait sorties, c'est que quand je fais des conférences à l'étranger… en l'occurrence, j'ai été une fois au Parlement européen…
Au Liban, on a ouvert une procédure contre moi devant le tribunal militaire et non pas civil. Moi, je ne suis pas militaire. Parce que dans la salle, au Parlement européen, selon les Libanais, il y avait des juifs, des pro-israéliens, des sionistes et des Israéliens. Il y a une loi au Liban qui interdit tout contact avec ces quatre groupes. Aujourd'hui, pour être en toute légalité dans mon pays d'origine, le Liban (je porte la nationalité libanaise), avant de vous donner une interview, je dois vous demander si vous étiez juif avant, si vous étiez sioniste ou pro-israélien ou israélien. Parce que sinon je risque 15 ans de prison jusqu'à la pendaison. Et si je ne le fais pas, ça veut dire que je l'ai fait en toute connaissance de cause. J'ai affronté le Liban, j'affronte le tribunal militaire et je suis allé à l'ONU dénoncer la loi antisémite du Liban, parce que je considère que c'est antisémite d'interdire à des citoyens libanais de parler avec des juifs."
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Valérie Expert.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.