Ophélie Meunier signe une lettre ouverte dans le magazine Elle. Dans cette lettre ouverte au Premier ministre et aux président(e)s des assemblées du Parlement, Ophélie Meunier déplore les conditions d’accueil et d’accompagnement des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance et appelle à réformer le système.
Ophélie Meunier : "On s'est aperçus que le système dysfonctionnait de manière totale"
Comme le raconte Ophélie Meunier, ce geste est parti d’une enquête faite par le réalisateur Jean-Charles Doria dans le cadre de "Zone interdite" en 2022. "En 2020, on fait une première ‘Zone interdite’ sur l'Aide sociale à l'enfance. Et plutôt sur à quel point ce système, qui est censé protéger les enfants qui n'ont pas accès aux droits fondamentaux dans leur propre famille, comment l'État est censé prendre le relais pour ses enfants et en tout cas veiller à ce qu'ils puissent grandir avec le minimum : manger, dormir, être éduqués, être nourris et être protégés. Et c'est le cas d'à peu près 200.000 enfants en France", a raconté Ophélie Meunier.
"On s'est aperçus en creusant un petit peu en enquêtant avec le réalisateur Jean-Charles Doria que le système dysfonctionnait de manière totale. Quand on fait des sujets dénonciateurs, on essaie de toujours montrer quand même ce qui fonctionne, de donner un petit peu d'espoir. Mais là, c'était super difficile. Donc, en 2020 on fait cette première enquête. On s'aperçoit qu'il y a un tel dysfonctionnement qu'on décide de faire même une deuxième ‘Zone interdite’ deux ans plus tard, en 2022. Parce qu'il y a beaucoup de choses à montrer : il y a à la fois les foyers, les établissements qui accueillent les enfants, donc l'ancienne DDASS. Et puis il y a aussi les familles d'accueil et les hôtels sociaux, qui sont censés avoir fermé d'ailleurs depuis la loi Taquet", a fait savoir Ophélie Meunier.
Aide sociale à l’enfance : "En fonction des départements, la gestion est très inégale"
"Il y a des établissements qui sont dans un état absolument catastrophique de délabrement, avec des enfants qui sont censés être scolarisés, qui ne vont pas à l'école, des jeunes filles qui se prostituent, des jeunes garçons qui deviennent dealers. Et malheureusement qui, à 18 ans, quand ils ne font plus l'objet d'une mesure de protection, font l’objet de ce qu'on appelle les sorties sèches. Le jour de votre anniversaire, à 18 ans, on vous dit : ‘Ça y est, on a fait ce qu'on devait faire pour vous. Merci, vous pouvez prendre votre petit bagage et partir’. Donc, il y a énormément de ces enfants qui se retrouvent à la rue", a poursuivi Ophélie Meunier.
Y a-t-il des choses qui ont changé après cette enquête de "Zone interdite" ? "Après notre documentaire, il y a eu des travaux qui ont été réalisés dans certains foyers. Mais le problème est systémique. C'est les départements en France qui gèrent l'aide sociale à l'enfance. Et en fonction des départements, en fonction des politiques qui sont appliquées dans ces départements, la gestion est très inégale. Il y a certains élus qui sont qui ont vraiment à cœur d'aider ces enfants-là, et d'autres moins. Et résultat : il y a une disparité. Il y a des aberrations : il n'y a pas de fichier national des agréments des familles d'accueil. Donc, s'il y a une famille dans un département qui a un agrément, qui le perd parce que la famille en question fait des choses qui ne sont pas correctes avec les enfants qu'elle reçoit et qu'elle accueille, elle peut tout à fait demander un nouvel agrément dans le département d'à côté, elle l'obtient !", s’est exclamée Ophélie Meunier.
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