À l’occasion de la journée internationale de lutte contre la transphobie, l’homophobie et la biphobie, Histoire TV coproduit avec ADLTV un documentaire inédit, réalisé par Pascal Petit, qui raconte "Une histoire trans : 60 ans de combat pour exister".
Pascal Petit : "Il y a dix ans, je n'aurais pas été prêt pour réaliser ce documentaire-là"
Comment est née l’idée de ce documentaire ? "J’ai cherché un documentaire historique. Évidemment qu’il y a des documentaires-témoignages sur des portraits, où on raconte des transitions. Mais un documentaire sur l’histoire des luttes et des transitions transgenres, ça n’existait pas, aussi bizarre que cela puisse paraître. Et puis, deuxième chose : j’ai lu le livre d’Olivia Chaumont, une personne transgenre, qui s’appelle D’un corps à l’autre. Et j’ai vraiment compris les souffrances qu'elle avait pu ressentir. Et je me suis dit : ‘j'ai envie d'explorer ce sujet’. Voilà, c'est vraiment parti d'elle", a raconté Pascal Petit.
Pourquoi les transgenres, était-ce aussi mal documenté ? "Je crois que ça intéresse n’intéresse pas forcément a priori les réalisateurs. C'est un sujet compliqué. Je vais vous dire franchement : c'est un apprentissage, la transidentité. Il faut comprendre ce que c'est, il faut apprendre les mots, les mots qui ne blessent pas. Il faut y aller pas à pas. J'ai eu cet apprentissage avec Olivia Chaumont, dont je parlais, qui est une amie. Et je me suis senti prêt. Olivia, je l'ai rencontrée il y a dix ans. Et franchement, il y a dix ans, je n'aurais pas été prêt pour réaliser ce documentaire-là", a répondu Pascal Petit.
"Au 12ème siècle, un homme trans, ça ne posait aucun problème à personne"
Comme le raconte Pascal Petit, les premières personnes transgenres ont vécu il y a fort longtemps. "Le chevalier d’Éon a vécu… Enfin, il y a une ambiguïté. On ne sait pas trop en femme et en homme, pendant très, très longtemps. C'est quelqu'un qui est mort très, très âgé. Donc, ça existait. Parfois, on entend dire que ça débarque d'un seul coup aujourd'hui. Pas du tout. Ça a toujours existé. Simplement, c'est ce qu'on raconte dans le film, c'est qu’à partir des années 1930, 1940, 1950… l'endocrinologie, la science des hormones, a fait des progrès. Et puis il y a eu la chirurgie réparatrice de la Première guerre mondiale, qui fait qu’en termes de chirurgie aussi, on a fait d'énormes progrès. Et donc on a pu transformer les corps. Donc, c'est ce qui fait que les choses ont évolué. Mais évidemment, ça a toujours existé.
Si vous allez visiter la basilique de Vézelay, vous avez un chapiteau avec un moine qui ouvre son vêtement, et il y a deux seins. C'est Saint Eugène Eugénie. C'est quand même au 12ème siècle. Et à l'époque, ça ne posait aucun problème à personne. Eugène Eugénie, c'était une personne. On ne disait pas ‘transgenre’ à l'époque, mais c'était effectivement une femme qui se vivait homme."
Quand @MPPruvot et @PasPETIT expliquent pourquoi le mot "transsexuel" est injurieux
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— Sud Radio (@SudRadio) May 17, 2024
"Pour moi, c'est un documentaire qui aurait sa place sur le service public"
Pourquoi avoir vendu ce documentaire à Histoire TV et pas à France Télévisions ? "C'est bien que vous me donniez l'occasion de dire à quel point la chaîne Histoire TV, elle a cette liberté-là. Et, vraiment, je les remercie pour ça. Pour moi, c'est un documentaire qui aurait sa place sur le service public. Et c'est pas faute de l'avoir proposé. On est Histoire TV, et j'en suis très heureux parce que c’est un écrin, et ça va nous permettre d'être diffusés en prime time, sur une chaîne qui n'est pas une chaîne premium", a répondu Pascal Petit.
Quelle a été la réponse du service public ? "C'est un manque d'intérêt, c'est un manque d'imagination. On en est restés aux portraits de personnes trans. On va du début de la transition jusqu'à l'opération finale. Moi, je pense qu'on a dépassé ça. J'ai vraiment une déception de ce point de vue-là. C'est une chaîne privée qui le fait. Mon précédent doc, qui était sur les quinze premières années de la lutte contre le sida, c'était aussi Histoire TV. Mais rediffusé par TF1. Donc voilà, j'ai de la mémoire."
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