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Paul Moreira : "Il y avait plus de blindés sur les Champs-Élysées qu'à Raqqa"

Par Jean Baptiste Giraud

Le réalisateur Paul Moreira était l'invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 17 avril 2023 dans "Le 10h - midi".

Paul Moreira
Paul Moreira, invité de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Le 10h - midi" sur Sud Radio.

Paul Moreira vient de réaliser un nouveau documentaire : "Au nom du maintien de l’ordre". Il est disponible dès maintenant sur www.arte.tv. Le mardi 30 mai 2023 à 20h55, il sera diffusé sur ARTE.

 

Paul Moreira : "La militarisation du maintien de l’ordre commence en 1999"

"Avec les Gilets jaunes, en novembre 2018, mon caméraman et moi nous sommes dit : il y a quelque chose d’inhabituel qui est en train de se passer. On tournait tous les samedis, sans encore savoir ce qu’on allait en faire. Le 8 décembre 2018, j’ai un moment de révélation. On revenait de Raqqa, en Syrie. Je me suis dit : les moyens qui sont mis en place en France face à une population certes furieuse… on a vu plus de chars et de blindés sur les Champs-Élysées qu’on en a vu à Raqqa. À un moment, il y a un problème, le niveau de menace n’étant pas le même. Parmi les Gilets jaunes, il y avait des gens violents certes, mais il y avait aussi beaucoup de gens qui étaient dans une demande d’empathie, qui étaient dans une situation sociale terrible. On a convaincu ARTE", a raconté Paul Moreira.

 


"Des blindés et des balles en caoutchouc sur des manifs qui ne sont pas des émeutes, ça commence en 1999. Cette année-là, à Seattle, a eu lieu la première manif' altermondialiste contre le sommet de l’Organisation mondiale du commerce. Et on rencontre le chef de la police de l’époque. C’est lui qui décide de faire venir les blindés et militariser le maintien de l’ordre. Il nous a dit : 'j’ai fait la pire connerie de ma carrière, j’ai ouvert le feu sur des militants que j’ai radicalisés'. Il dit : 'quelque part, j’ai créé plus de violence que je n’en ai contrôlé'", a poursuivi Paul Moreira.

"J’ai voulu savoir pourquoi à un moment donné un flic pète les plombs"

Comme le raconte Paul Moreira, la doctrine française du maintien de l’ordre a évolué. "Il ne faut pas considérer les flics comme une force maléfique ou diabolique. La plupart sont des gens comme vous et moi, qui voudraient bien que ça se passe mieux que ça. J’ai voulu savoir pourquoi à un moment donné un flic pète les plombs, pourquoi dans certains cas, on dérive vers la bagarre plus que le maintien de l’ordre. Et en fait, c’est un truc humain, chaque décideur politique va savoir que quand, dans un cas conflictuel, il met au contact des manifestants et des policiers, il va y avoir de la bagarre. C’est pour ça que le maintien de l’ordre à la française a longtemps été fondé sur une règle : 150 mètres de distance."

 


Parmi l’arsenal de la police lors de manifestations, une arme en particulier inquiète : les balles en caoutchouc. "Mon vrai parti pris dans cette histoire, c’est le fusil aux balles en caoutchouc. Je pense qu’il faut interdire cette arme. Un policier allemand me dit : 'avec ces trucs, on ne sait pas où va la balle'. Dans ce documentaire, il y a aussi Claude Guéant, c’est lui qui avait commandé ces armes pour la France. Il dit que c’était pour faire face à des forcenés qui prennent leurs familles en otage. Puis, quelques années après, elles ont été utilisées lors d’émeutes dans les banlieues. Et puis, deux ans plus tard, on tire sur des lycéens qui mettent des poubelles devant leur établissement. C’est pas possible…", a déclaré Paul Moreira.

 

 

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Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans le 10h - midi Sud Radio avec Valérie Expert.

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