Le 19 décembre 2024, à 22h50, Philippe Caverivière sera sur W9 dans "Invincibles, ensemble ! contre la maladie de Charcot". Il est également tous les samedis vers 23h30 dans "Quelle époque" sur France 2.
Philippe Caverivière : "La radio est un média de l'écoute, où on peut faire des choses plus longues, plus écrites, plus fines"
En France, il y a une honte quelque part à interpréter les blagues des autres, mais ce n’est pas du tout le cas aux États-Unis. Comment Philippe Caverivière se positionne-t-il par rapport à cela ? "Je suis un auteur plus qu'un interprète, et je kiffe les auteurs. Je kiffe ce travail, et j'admire cette recherche-là face à la page blanche. J'ai mes gars qui tournent selon les jours, on n'est pas à cinq par jour, on est deux ou trois selon les jours. Et on s'envoie des vannes ensemble et on recherche ensemble. J'ai deux chroniques par jour sur RTL, plus « Quelle époque » le samedi, donc c'est juste impossible de faire dix chroniques de qualité seul. Donc, je dois me nourrir de leur talent."
Philippe Caverivière estime que le média le plus intelligent est la radio. "Je pense que la radio est un média intelligent. C'est un média de l'écoute, où on peut faire des choses plus longues, plus écrites, plus fines. Et c'est un média de l'imaginaire c'est comme quand tu lis ton livre et que tu te crées les images. À la radio, quand je pars dans mes délires de faire le commandant de bord ou autre, on peut croire deux secondes que je suis commandant de bord. En télé, ça marche moins, on doit écrire plus reserré. Sinon, au bout de deux lignes, les gens s'emmerdent. C'est un peu le drame de la télé. Sur scène, on peut aller encore plus loin. Mais on se garde des vannes qu'on ne met pas en radio et en télé parce qu'elles vont trop loin, on les garde pour la scène."
"À partir du moment où on ne fait plus de vannes, c'est qu'on exclut les gens"
N’est-ce pas déplacé de faire des blagues sur les trisomiques ? “C'est faire le lien, faire des blagues. À partir du moment où on ne fait plus de vannes, c'est qu'on exclut les gens. Je ne connaissais rien à la trisomie, et j'ai découvert la petite Capucine, qui a eu un cancer et qui est trisomique, ça fait beaucoup. Elle est extraordinaire, elle est jolie, elle est intelligente, je suis loin du cliché de la trisomique que je me faisais", a répondu Philippe Caverivière.
Est-ce que pour un humoriste, une maladie comme celle-ci, c'est un peu l'Éverest de la blague : si vous avez réussi à faire rire les gens dessus, c'est que vous pouvez les faire rire sur à peu près tout ? "J’étais au Téléthon, je fais des vannes sur le Téléthon, sur le cancer et sur Charcot. S'il n'y avait pas la maladie, finalement, je n'aurais pas une carrière si belle. Donc, je dois beaucoup à l'antisémitisme, au racisme, à la maladie", a répondu Philippe Caverivière. Il explique essayer de ne pas avoir de tabous. "Avec mes auteurs, on a fait des vannes sur Mayotte. C'est une horreur totale. On a reçu il y a quelques jours la sœur de Samuel Paty. On a reçu celle qui accompagne Gisèle Pelicot."
"Romain Gary disait : 'L'humour est une déclaration de dignité, l'affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive'"
Comment Philippe Caverivière réagit-il face aux menaces ? "Évidemment, on se dit : on a envie d'arrêter sur le coup. Et puis après, on se dit : ‘On les emmerde’ parce qu'on croise des gens intelligents dans la rue. Olivier Goy ou Philippe Croizon en sont des exemples, parce qu'on peut rire, faire de l'humour sur la maladie. Et il y a une très belle phrase de Romain Gary, qui dit : ‘L'humour est une déclaration de dignité, l'affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive’. Et j'ai que des gens intelligents de toutes les communautés, qui viennent me voir et qui me disent : ‘Tiens, ça me fait du bien’ Et puis on se dit : ‘Continue’."
Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Jean-Marie Bordry.
Cliquez ici pour retrouver l'intégralité de l’interview média en podcast.