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Philippe Torreton : "On regarde les années 1950 avec un œil attendri"

Par Jean Baptiste Giraud

Le comédien Philippe Torreton était l’invité de Christine Bouillot sur Sud Radio le 23 octobre 2023 dans "Sud Radio Média".

Philippe Torreton
Philippe Torreton, invitée de Chistine Bouillot dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Le 23 octobre 2023 à 22h50, France 3 diffuse le film "Mémé", adapté de l'ouvrage du même nom de Philippe Torreton.

 

Philippe Torreton : "Ce livre est arrivé à un moment où personne n’avait écrit sur sa mémé"

Pourquoi avoir fait ce choix de passer du livre à l’image et de raconter sa grand-mère aujourd’hui ? "Ce n'est pas moi qui ai fait ce choix, on l'a fait pour moi, et j'ai suivi. J'étais très ému qu'on y pense. C'est Anne Schulmann qui s'est associée à Balises & Schuch Productions, avec Nathalie de Mareuil, qui m'ont contacté pour me demander l'autorisation de le faire. Et puis après, avec Camille Juza, la réalisatrice, on a décidé de le faire ensemble. Et ça m'a vraiment touché. J’ai trouvé que c'était une belle réponse à ces centaines de lettres que j'ai reçues après publication du livre. À l'époque, j'ai répondu le plus possible, mais je n'ai pas pu répondre à tout le monde. Et je me suis dit : ‘ce film va être la continuité de cette pensée-là, de cet hommage que ce livre a permis’. Je trouve que ce livre est arrivé à un moment où personne n’avait écrit sur sa mémé. Surtout dans ces milieux populaires, simples où il ne se passe rien si ce n'est le courage de la vie de tous les jours. On s'intéresse au milieu populaire quand il y a des problèmes économiques, des faits divers, de l'inceste, la pauvreté… Mais la vie, elle est riche, elle peut faire preuve de grandeur. Élever ses enfants toute seule dans une campagne, faire en sorte que ses filles passent le bac, puissent faire des études, choisir leur métier, choisir leur mari… c'est magnifique, ça. Et on n’en parle pas", a répondu Philippe Torreton.

 

"Ce film n'a rien à voir avec de la nostalgie"

Est-ce les archives familiales qui sont utilisées dans ce film ? "Non, il n'y en a pas du tout. Nous, on a raté tous les tournants technologiques. Quoi qu’il en soit, en parlant de mémé, ce livre a permis à beaucoup de gens d’y retrouver la leur. Il fallait que le film soit comme ça aussi. En prenant toutes ces images d'archives, ça a permis à Camille Juza et son équipe de montrer tout un panorama de regards, de blouses, de repas…

 


C'était rude, bien sûr. C'est pour ça que ce film n'a rien à voir avec de la nostalgie, ni ‘c'était mieux avant’, non. Il y avait des choses mieux et il y a des choses terribles. Être une femme seule, divorcée d'un mari au début des années 1950 dans la campagne normande, c’était vraiment dur. Être obligée de travailler en usine, de placer ses jeunes enfants parce que pas de possibilité de les faire garder parce que ça coûte cher… C’était compliqué. Mais forcément, on regarde cette époque avec un œil attendri parce que c'était une époque où la campagne ressemblait encore à une campagne. On n'exploitait pas l'agricole, comme je dis dans le roman. Il y avait des animaux partout, on mangeait peu de viande parce que ça coûtait cher. Il fallait qu'il y ait une occasion", se souvient Philippe Torreton.

"Il faut accompagner la décroissance dès maintenant"

"Avec la société de consommation, on nous a fait croire que tout était accessible. Mais pour que tout le soit, il a fallu réduire les coûts de tout. Donc on a cassé le travail, on a accéléré les distances de livraison. Vous vous rendez compte qu’on peut parfois acheter de l'agneau de Nouvelle-Zélande moins cher que de l'agneau français ? Un agneau qui fait la moitié de la terre en avion ou en bateau, c'est totalement délirant. Alors qu'on a des producteurs en France. On nous a fait croire que tout était possible, que les saisons n'avaient plus cours, qu'on pouvait manger de tout, tout le temps… On le paye chèrement aujourd'hui.

 


Il y a un intérêt à y revenir, non pas de façon drastique, pas comme un retour à la décroissance, mais comme un retour au bon sens. La décroissance, soit on va se la prendre dans la gueule avec des catastrophes comme en Syrie et des gens sans boulot, soit on l'accompagne dès maintenant. C'est ça, le débat. Ce n'est pas un choix qu'on a devant nous. Beaucoup de gens pensent qu'on peut encore choisir, mais on ne peut plus choisir. La question est : ‘comment accompagne-t-on les choses ? De façon civilisée, orchestrée, intelligente… ou bien on les accompagne dans la barbarie, dans le chacun pour soi ?’. Pour l'instant, on prend le chemin de la barbarie et du chacun pour soi", a poursuivi Philippe Torreton.


Retrouvez “L'invité média” chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Christine Bouillot.

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