Le 27 avril 2022 à 23 heures, France 2 diffuse, dans "Complément d'enquête", le film de Romain Verley "PPDA, la chute d’un intouchable".
Romain Verley : "Le monde de la télévision, c’est un peu la Grande Muette"
"On est sur quelque chose de très sensible, très dur, à savoir les violences faites aux femmes. On a des témoignages très forts de femmes qui accusent PPDA de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols. Le dossier est donc vertigineux. La difficulté supplémentaire, c’est qu’il a fallu enquêter sur le petit monde de la télévision. On a l’impression que notre monde de la télévision, c’est un peu la Grande Muette. J’ai eu un mal fou à obtenir des témoignages de collaborateurs de TF1, anciens ou actuels.
J’ai côtoyé pendant cinq mois Patrick Poivre d’Arvor avant qu’il se fasse licencier le 10 juillet 2008. Je pensais que de ce fait, cela me serait plus simple d’enquêter sur lui. Mais en réalité, cela a au contraire compliqué les choses", a raconté Romain Verley.
"Des dizaines de femmes qui ne se connaissaient pas racontent toutes le même scénario"
"Patrick Poivre d’Arvor, on le connaissait séducteur, dragueur et même dragueur lourd. Mais tout le monde est tombé de sa chaise, il y a un an, quand Florence Porcel a témoigné dans Le Parisien, puis avec les témoignages d’autres femmes dans Le Monde, puis dans Libération… Des dizaines de femmes qui ne se connaissaient pas racontent toutes le même scénario. Ces femmes se sont tues pendant tant d’années, chacune en pensant être la seule. C’est ça qui est effarant dans le dossier.
Les femmes racontent qu’on est toujours dans le même schéma : des questions très intrusives sur votre vie privée, sur votre vie sexuelle. On est souvent sur des profils de jeunes femmes fragiles, faibles et qui sont souvent en infériorité. Vous venez de commencer votre stage et il y a le pape de l’information qui vous dit : 'bravo pour votre enquête, bravo pour votre enrobé pour la radio, je vous invite ce soir à une première'. PPDA avait une place particulière dans le groupe TF1. Les femmes racontent que c’était impossible pour elles, par honte, par peur de représailles, d’aller se plaindre à une directrice de l’information, à un chef de service parce que PPDA, c’était le grand patron."
"PPDA était dans le mélange des genres"
Comme le raconte Romain Verley, PPDA était dans le mélange des genres. "PPDA invitait très régulièrement des femmes à assister au Journal de 20 heures. Après elles étaient conviées dans son bureau. Et souvent, Patrick Poivre d’Arvor avait des relations sexuelles avec ces femmes, des relations consenties. Il l’a dit devant les enquêteurs : 'j’avais des relations sexuelles sur mon lieu de travail. Peut-être qu’aujourd’hui je procèderais différemment'.
À TF1 on savait qu’il y avait des femmes qui avaient des rendez-vous galants avec Patrick Poivre d’Arvor. Sauf que dans le flot des invités de TF1 et de Patrick Poivre d’Arvor, il y avait des femmes qui ne venaient pas pour ça. Il y avait des femmes qui venaient pour une interview, pour raconter leur dernier roman… C’est là qu’il y a eu un mélange des genres."
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