Le 4 novembre 2024 à 21h05, France 2 diffusera "Seul", un téléfilm dans lequel Samuel Le Bihan joue le rôle du skipper Yves Parlier, un participant du Vendée Globe 2000-2001, pour raconter son histoire vraie.
Samuel Le Bihan : "C’est un homme qui refuse d’abandonner, c’est extrêmement inspirant"
Samuel Le Bihan explique admirer Yves Parlier. "Soit on est dans le sacrifice pour les autres, soit on fait avancer aussi la famille. On fonctionne par exemplarité : on fait des choses incroyables. Vos enfants vous regardent pour ce que vous êtes. Donc, c’est l’homme que vous construisez aussi. On peut appeler ça l’égoïsme, mais on fonctionne aussi par inspiration. Je pense que pour aller au bout de ses rêves, il faut faire des sacrifices. Il faut accepter de passer par la solitude, par l’échec, par la reconstruction. Et je pense qu’il faut beaucoup de générosité pour y arriver. Je pense qu’il faut forcément être mal compris pendant un certain temps, être mal aimé. Mais ce qui est beau, c’est que c’est sa femme qui lui donne des forces, c’est elle qui le soutient. Sinon il lâche, il abandonne. Et elle a compris que s’il ne va pas au bout de sa course, il sera détruit psychologiquement. C’est vital pour lui, c’est un engagement vis-à-vis de lui-même. Au cours de cette course, sa radio va tomber en panne, il n’aura plus à manger, il va perdre dix kilos… C’est un homme qui refuse d’abandonner. Et ça, c’est extrêmement inspirant."
Samuel Le Bihan a rencontré Yves Parlier après l’avant-première du film… "Il fallait savoir s'il validait un petit peu ce qu'on avait fait. Et il a adoré, il était très ému. Il a trouvé qu'il y avait une vraie vérité, c'est-à-dire qu'on ne l'a pas trompé, on n'a pas triché, on a essayé d'aller au plus juste. Et je pense qu'il a revécu aussi quelque chose d'assez insensé qu'il n'avait pas imaginé aussi fou. Quand on lui demande : ‘Pourquoi tu n'as pas lâché, pourquoi t'as pas abandonné ?’, il ne sait pas. Mais je crois que c'était vital pour lui. Abandonner, c'était abandonner ce qu'il y avait de plus précieux en lui, c'était d'aller au bout de ses idées, au bout de ses convictions, de son engagement surtout. Je crois que c'est un homme d'engagement. Ça demande beaucoup de courage."
"J'ai mis trois semaines à m'en remettre"
Qu’est-ce que ça fait de faire le Vendée Globe ? "Je crois que ça vient petit à petit, on n'est pas jeté d'un coup dans le Vendée Globe. Je pense qu'on fait un petit peu de voile avant, quelques compétitions. Et puis doucement, on est mordu. Il y a une chose particulière dans la voile, c'est que vous êtes dans l'instant présent. Mais d'une force incroyable. Moi, j'avais un copain qui venait de vivre une rupture amoureuse, il était mais dépité, il était d'une tristesse terrible… Et dès qu'il était sur le bateau, il disait que ‘tout allait bien’, il oubliait complètement sa vie personnelle. Ça vous projette dans l'instant parce que la mer est vivante, le vent, les éléments… Vous devez sans arrêt réadapter, régler votre bateau en fonction des éléments qui changent. Et je pense que c’est assez rare, le lien qu'on a avec la nature, avec les éléments, avec la vie, avec la terre, avec ce monde qui nous entoure et qui est incompréhensible. Et plus c'est difficile, plus on a l'impression d'être en osmose", a raconté Samuel Le Bihan.
Ce film a-t-il été tourné dans un studio ? "Non, non, on cherchait les tempêtes, on courait après les éléments naturels. Quand il y avait le calme plat, on changeait les scènes en fonction de la météo. On est partis dans l'Atlantique. On n'avait pas les moyens d'avoir un studio, il n’y a pas de fond bleu, pas de trucages, tout est vrai. C'est pour ça que c'était un tournage très, très difficile. Il fallait une bande de barjots quand même : on était une dizaine sur le bateau, et tous ceux qui étaient là étaient des passionnés. On dormait peu, on était dans des conditions extrêmement difficiles, et tout le monde avait la banane. On était épuisés mais heureux. Le tournage a duré un mois et demi. On n'avait pas beaucoup de temps, il fallait aller vite.
Il y a des moments magiques. Par exemple, vous rentrez le soir, et il y a des dauphins qui commencent à nager autour du bateau. C'est juste magique. C'est drôle, cet animal qui vient jouer avec l'être humain, avec nos outils, nos bateaux. Il vous permet ce lien étrange entre le milieu sauvage, naturel et notre milieu civilisé. Il y a peu de ponts comme ça. Tout était fou de toute façon. Épuisant, j'ai mis trois semaines à m'en remettre. Je crois que c'est le fait de ne pas manger aussi, ça m'épuisait énormément. Ça me mettait dans une solitude terrible mais qui me rapprochait du personnage. Vous n’allez pas manger, vous n’allez pas traîner avec les potes, vous n’allez pas boire une bière, il n'y a pas de soirées, il n’y a plus rien. Vous êtes dans votre coin, personne ne vous comprend, votre copine a l'impression que vous avez une autre histoire à côté. Enfin, personne ne vous croit. Et vous traversez ça, vous savez qu'il y a un but quand même. Et puis il y a un projet. C'était un drôle de moment, un moment étrange, et en même temps passionnant", a raconté Samuel Le Bihan.
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