Le dimanche 8 septembre 2024 à 22h50, M6 diffuse "Enquêtes Exclusives : Enquête à Gaza : des vies en enfer", un documentaire basé intégralement sur les images filmées par la journaliste palestinienne Shrouq Aila, mais signées Martine Laroche-Joubert.
Martine Laroche-Joubert : "Israël ? Ils évacuent la question"
Les gazaouis en veulent-ils à Israël ? "Oui, j'ai remarqué ça, ils n'en parlent pas. Tout à l'heure, on a entendu cette femme qui dit ‘il n'y a aucune puissance arabe pour contrer les Américains’. Et Israël, étrangement, ils n'en parle pas. Je ne veux pas parler à leur place. S'ils en avaient parlé d'eux-mêmes, je l'aurais mis dans le montage. La question a été posée, mais ils évacuent la question. Ou alors ils en parlent différemment. Ils disent ‘on sait que ça serait possible qu'il y ait des négociations, on sait que ça serait possible que cette guerre s'arrête, mais ils n'arrivent pas à négocier’."
"Je voyais de temps en temps les femmes qui se levaient, qui allaient dans la cuisine, qui ouvraient le robinet d'eau, et il n’y avait pas d'eau"
En veulent-ils au Hamas ? "Certains, oui. C'est très difficile de parler du Hamas à Gaza. Chaque fois que j'y allais et que je posais des questions sur le Hamas… Il faut savoir que quand on entrait comme journaliste à Gaza, avant la guerre, il fallait avoir à la fois des autorisations des Israéliens, mais aussi l'autorisation du Hamas. Mais quand j'allais dans les familles et que je posais des questions sur le Hamas, sans pousser les gens dans leur retranchement, parce que je sais ce qu'ils risquent… les gens ne répondent pas. Par exemple, . Ça voulait dire que l'argent qui était donné passait à autre chose qu'à améliorer leur quotidien, c'est ce qu'elles voulaient me signifier.
Par des contacts personnels j'ai joint ce témoin francophone qui, là, balance très fort. J'ai reconstitué la voix, qui est dite par quelqu'un d'autre à Paris, parce que je sais ce qu'elle risque. Quelqu'un qui parle comme ça, c'est la mort, même en ce moment, même en temps de guerre, le Hamas a toujours son emprise sur Gaza. L'aide humanitaire, elle le dit, est prise par le Hamas. Beaucoup de gens avaient déjà quitté Gaza avant la guerre, parce que le Hamas - soit vous êtes avec lui, soit vous n'êtes pas vraiment avec lui. Dans ces cas-là, il n'y a pas de travail. Donc, elle raconte tout ça, elle en veut énormément au Hamas. Mais c'est une voix qui ne peut absolument pas s'exprimer librement. C'est impossible", a raconté Martine Laroche-Joubert.]
"À Gaza, les instagrammeurs sont passés à reporters de guerre improvisés"
Dans quelle mesure les citoyens lambdas à Gaza qui montrent leur vie quotidienne sur Instagram et TikTok peuvent-ils être considérés comme journalistes ? "Franchement, moi je ne trouve pas que c'est beaucoup changer le métier. Parce que finalement, ce qu'il y a d'important, c'est d'être au bon endroit au bon moment et de savoir raconter une histoire. Et ça, ça n'a pas changé, d'ailleurs depuis toujours, depuis Albert Londres au moins, même avant. Donc ça, c'est l'essentiel. Et le fait qu'à Gaza il y ait beaucoup d'instagrammeurs, ça m'a aidé de voir les choses absolument extraordinaires qu'ils faisaient. Parce qu'avant ils donnaient, comme tout le monde, des recettes de cuisine, ils montraient ce qu'ils faisaient dans leur vie quotidienne… Et là, ils sont passés à reporters de guerre improvisés. Et tous les jours, ils envoyaient des images vraiment bien. Ça m'a aidé à croiser les informations, à mieux comprendre ce qui se passait", a répondu Martine Laroche-Joubert.
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