Comme l'explique Thomas Huchon, depuis l'avènement des "faits alternatifs", nous sommes dans une situation grave car l'absence d'un accord sur les faits empêche tout simplement de discuter.
Thomas Huchon : "La liberté d’expression est un droit, mais ce droit est aussi conditionné à un devoir"
"Le monde a changé. Et ce qui a changé profondément, c’est notre manière d’accéder à l’information. Aujourd’hui il n’y a plus de filtres. On peut d’ailleurs en penser ce qu’on veut : certains pensent qu’il est génial que cette liberté d’expression soit offerte à tous nos concitoyens. Je pense tout de même qu’il y a quelque chose qui doit nous interroger en tant que société. La liberté d’expression est un droit, mais ce droit est aussi conditionné à une forme de devoir. C’est-à-dire qu’on doit être responsables des propos que l’on tient. Une société démocratique ne peut pas fonctionner si des accusations peuvent être portées sans preuves. C’est comme si dans un tribunal on vous accusait de quelque chose et que c’était à vous de produire la preuve comme quoi vous êtes innocent, et pas à celui qui vous accuse de démontrer le fondement de cette accusation.
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"Je crois qu'il y a tout un tas de gens qui pensent douter mais qui sont en fait dans une forme de soupçon, poussé par les algorithmes !" #Covid_19 #guerreRussieUkraine
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Je pense qu’il faut un petit peu oublier l’idée que la vérité est quelque chose qui existe. La vérité en tant que valeur partagée par tous, ça n’existe pas vraiment. Ce qui existe, ce sont les faits. Et les faits, nous les partageons. Ensuite, nous allons chacun interpréter ces faits en fonction de nos convictions, de nos cultures, de nos émotions, de nos envies", a déclaré Thomas Huchon.
"Chacun peut avoir une vérité contradictoire de celles des autres"
"Mais ce qui change aujourd’hui, c’est que nous ne partageons plus les faits. Il faut revenir à l’élection de Donald Trump. Le fait qu’il y ait des faits alternatifs, en d’autres mots, que nous ne partagions plus la base qui nous permet d’interpréter la réalité, ça vient d’une conseillère de Trump qui, face à un journaliste qui lui dit qu’il y avait plus de monde à l’inauguration de Trump qu’à celle d’Obama, invente. Elle met en avant ce qu’elle appelle en anglais 'alternative facts'. On ne l’avait pas suffisamment pris en compte à l’époque, mais c’est à ce moment-là que le monde de l’information a basculé. Depuis ce jour, chacun pouvait avoir non seulement son opinion, mais surtout chacun pouvait avoir une vérité contradictoire de celles des autres. Et ça, c’est grave, car si on ne partage plus les faits, on ne peut plus discuter. Et quand on ne peut plus discuter, on ne peut plus vivre ensemble.
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"Il y a dans la fake news une idée manipulatoire, une intention de mentir ! Le crime profite à ceux qui le fabriquent : des entrepreneurs, des médias."
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La structuration de l’information se fait désormais dans des groupes très fermés. Dans les boucles Telegram on discute entre soi, et il n’y a pas de contradiction. Ce qu’il y a, c’est la défiance face aux médias. Et cette défiance se déplace de sujet en sujet, d’affaire en affaire. Et ce qui est commun, c’est toujours la même idée : on nous ment, on nous manipule, on ne nous dit pas ls vérité, on ne nous dit pas ce qu’il se passe vraiment."
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