Thomas Misrachi : "Le fils de Pablo Escobar m'a proposé un road trip à moto en Colombie !"
Les deux premiers épisodes du documentaire "Escobar, l’héritage maudit", réalisé par Thomas Misrachi, diffusés vendredi 8 janvier dernier, "ont fait un carton d'audience", souligne Valérie Expert. Les deux derniers épisodes seront diffusés vendredi 15 janvier. Le journaliste a eu accès au fils de Pablo Escobar, "c'est Narcos en vrai ! assure Valérie Expert, c'est l'histoire du parrain de la drogue". "C'est exactement ça ! reconnaît Thomas Misrachi. On raconte moins le père que le fils, précise-t-il, on est obligés de parler du père parce que c'est une ombre dans la vie du fils encore aujourd'hui, mais ce qu'on a voulu raconter, c'était l'histoire d'un survivant, de Juan Pablo Escobar : comment on survit quand on est le fils de Pablo Escobar". Aujourd'hui, il s'appelle Sebastián Marroquín, il est architecte.
"Ça s'est fait par étapes, explique le réalisateur. La première rencontre a eu lieu à Paris il y a un peu plus de trois ans. Je l'ai interviewé pour l'émission '7 jours BFM' que je présentais à l'époque. Je suis venu en moto et après l'interview, on a parlé restauration de motos, on a entamé notre relation comme ça ! se souvient-il. Il m'a envoyé un texto au bout de quelque temps pour me proposer qu'on se retrouve en Colombie pour faire un road trip à moto ! Et là je me suis dit : 'il doit y avoir quelque chose à faire', raconte-t-il avec humour. C'était un début d'amitié, et rien d'autre !"
"Juan Pablo Escobar voulait que quelqu'un raconte son histoire pour son fils à lui"
Pour ce documentaire, Juan Pablo Escobar a ouvert ses archives. "L'accès à la famille ne s'est pas fait du jour au lendemain, souligne Thomas Misrachi. Je lui ai dit 'si on raconte qui tu es, il faut que j'ai accès à toutes les personnes qui te connaissent, les gens que tu aimes et ceux que tu n'aimes pas'. C'était mon boulot à moi de convaincre les gens. Sur les archives, on a eu une chance monstrueuse, confie-t-il. Il m'a emmené un soir dans un local dans lequel il y avait tous les albums photos de la famille Escobar ! 47 albums photos ! Je me suis dit 'si on a ça, on a quelque chose à raconter !' On s'est ensuite mis d'accord sur le projet".
Il n'a pas demandé d'argent pour ce projet tient à préciser le journaliste. "La raison pour laquelle il a accepté de faire ce documentaire est la dernière interview que j'ai faite de lui à Buenos Aires ! raconte-t-il. Il m'a donné deux raisons : la première est que j'avais réussi à monter le projet. Des tas de gens lui ont proposé des choses mais personne n'est allé jusqu'au bout, par peur, ou à cause de choses non faisables. La seconde est que j'étais selon lui la première personne qu'il rencontre qui lui pose des questions sur lui, qui voulait raconter son histoire et pas celle de son père. J'ai compris plus tard que l'une des raisons pour lesquelles il avait dit oui, c'était qu'il voulait que quelqu'un raconte son histoire pour son fils à lui, qui a 7 ans aujourd'hui, et qui commence à être confronté à qui était son grand-père".
"Pablo Escobar a été à la fois un père fabuleux et un père qui était un monstre sanguinaire"
On découvre dans le documentaire cet amour qu'il a pour son père. "Son père a été le meilleur père du monde ! explique Thomas Misrachi. Il lui donnait tout ce dont il avait envie, besoin, mais ça a surtout été un père rigoureux, dur, à l'école, avec la drogue. Ça a été un père fabuleux d'un côté et en même temps un père qui était un monstre sanguinaire, responsable de la mort de 45.000 personnes, le plus gros trafiquant de cocaïne au monde".
"À 9 ans, à 10 ans, à 11 ans, Juan Pablo Escobar écrivait à son père pour lui demander d'arrêter la violence. Il y a cette dichotomie incroyable entre le petit garçon qui adore son père, qui est le meilleur père du monde, qui le pousse, qui lui donne confiance, qui lui donne tout ce qu'il veut et de l'autre côté, le fils de Pablo Escobar qui sait que son père est un bandit, un assassin, un monstre".
"C'est l'héritage maudit parce qu'évidemment, on le confronte à ce double discours, ajoute Thomas Misrachi. À la fois il rejette mais profite de son père, puisqu'il a écrit un bouquin qui lui a rapporté beaucoup d'argent, il fait des documentaires, des conférences sur la paix et contre la drogue qui sont pour la plupart rémunérés. Il en est conscient, et c'est ce qui est passionnant !"
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