La série documentaire de Camille Juza "Toutes musclées" est sur ARTE.tv. Son objectif : éclairer l’histoire des femmes dans le sport et leur combat pour se libérer des diktats et des interdits. Tjiki Sidibé y témoigne, aux côtés d'autres sportives, ainsi que d'histoiriens et sociologues.
Tjiki Sidibé : "Dans le body fitness, la féminité en dehors du physique est très, très importante"
"Ce qui a été le plus difficile pour moi, c’est le regard des autres, le regard des hommes. Être très, très sportive, faire des sports masculins, ça sort de l’ordinaire", a déclaré Tjiki Sidibé. Comment a-t-elle commencé à faire du sport ? "J’ai commencé le sport grâce à ma grand-mère, qui me trouvait très timide et voyait que je ne voulais pas sortir. Elle a donc pensé que le seul moyen de me faire sortir de ma coquille, c’était de me faire faire du sport. Elle a donc appelé mon éducateur sportif et lui a dit : 'écoutez, j’ai ma petite-fille à la maison, elle refuse de sortir, elle passe sa vie dans sa chambre, s’il vous plaît faites-lui faire du sport'. Et du sport est venu comme ça dans ma vie, à 13 ans."
🗣️Tjiki Sidibe, championne d’Europe de Body Fitness : "Je ne comprends pas pourquoi, dès qu’on fait du sport ou de la musculation, qu’on soulève autant qu’on homme, on nous dit qu’on est forcément lesbienne" pic.twitter.com/6CTYog7TeX
— Sud Radio (@SudRadio) February 7, 2023
Quel regard portent les hommes sur Tjiki Sidibé, qui est très musclée ? "Au début, quand on me voit, on ne sait pas si c’est une femme, si c’est un homme. Certaines personnes peuvent se dire 'c’est impressionnant'. Dans la musculation, on met en avant la féminité. Et dans ma discipline, le body fitness, la féminité en dehors du physique est très, très importante. Quand une femme est très musclée, ça introduit le doute, on se pose la question du genre. On ne remet pas en cause la féminité de cette personne, mais il va y avoir des tests pour savoir si c’est naturel. C’est pour éviter que la femme ne se mette en danger : elle est très musclée, mais il faut quand même qu’elle fasse attention à sa santé. Avec ces tests elle va réaliser qu’il y a des limites à ne pas franchir. Toujours est-il qu’aujourd’hui, une femme qui fait du sport, c’est devenu normal. Alors qu’avant, une femme dans une salle de musculation, on va la regarder en se disant 'Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?'."
"Quand un homme va gagner 400.000 dollars, une femme va gagner 50.000 dollars"
Le fait d’être très musclée ne nuit-il pas à la vie amoureuse de Tjiki Sidibé ? "Quand je m’entraîne, les hommes sont très impressionnés et admiratifs, mais je ne sais pas si c’est le genre de femme qu’ils souhaiteraient avoir. C’est vraiment ambigu pour moi, on ne sait pas ce que vous voulez, messieurs."
🗣️Tjiki Sidibe, championne d’Europe de Body Fitness : "Je n'ai pas de petit ami. Les hommes sont très impressionnés par mon physique. Je ne pense pas qu’il souhaite une femme comme moi" pic.twitter.com/cvd3fDJfd2
— Sud Radio (@SudRadio) February 7, 2023
Dans le milieu du sport, l’existence d’un écart dans les rémunérations des femmes et des hommes n’est un secret pour personne. Mais de quel ordre est-il ? "Dans le sport, les femmes sont beaucoup moins payées que les hommes. Quand un homme va gagner 400.000 dollars, une femme va gagner 50.000 dollars. Il y a vraiment un très grand écart", a répondu Tjiki Sidibé.
À lire aussi :
- Philippe Bas : "J'aime bien faire du sport, j'en fais tout le temps"
- Réouverture des salles de sport : "J'ai perdu énormément de motivation..."
- ActuSport : toutes les dernières nouvelles sportives