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Valérie Abécassis : "Je voyais à la fois un Israël fort et un Israël blessé"

Par Jean-Baptiste Giraud

La journaliste franco-israëlienne Valérie Abécassis était l'invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann sur Sud Radio le 7 octobre 2024 dans "Le 10h - midi".

Valérie Abécassis
Valérie Abécassis, invitée de Valérie Expert et Gilles Ganzmann dans "Sud Radio Média" sur Sud Radio.

Valérie Abécassis publie un livre : Place des otages (Éditions du Cerf).

Valérie Abécassis : "Ça nous est tombé sur la tête, je pense que ça peut aussi t'arriver"

Valérie Abécassis était en Israël lorsque le Hamas a frappé, le 7 octobre 2023. Pourquoi a-t-elle décidé d’y rester dans un premier temps ? "C'est ma fille. De un, parce que la petite a été protégée : elle était dans un abri avec son père qui a fait le voyage exprès pour s'occuper d'elle. Donc là, c'était réglé. Et puis parce que Paloma, ma fille, m'a dit : ‘mais maman, mes copines m'appelaient de France, mes petites amies un peu bourgeoises ‘viens, rentre, on te paie un billet’''. Et ma fille m'a dit : ‘mais enfin, tu ne te rends pas compte ? Tu vas rentrer, ça veut dire que tous ceux qui sont morts le 7 octobre et qui sont morts pour l'établissement de ce pays seront morts deux fois’.

Et il y a eu ça. Et un autre déclic à l'aéroport. Je le raconte aussi : quand je suis au départ, c'est le chaos. C'est les exodes qu'on a lus dans la littérature, les gens qui veulent fuir le danger. On voit aussi le drame des Ukrainiens : Israël est en guerre, et vous avez l'Ukraine en guerre, donc les gens voulaient partir. Et aux arrivées, il y avait des gamins qui revenaient pour défendre le pays. Et donc je me suis dit : ‘mais évidemment qu'il faut défendre le pays’", a répondu Valérie Abécassis.

Un auditeur dit : "je m'en vais, c'est trop triste". Que lui répond Valérie Abécassis ? Peut-on comprendre la lassitude des gens qui sont fatigués d’entendre parler de cette guerre ? "Je voudrais lui dire : ‘reste, écoute, parce qu’on ne te demande pas de choisir un camp. On te demande pas de comparer les douleurs des uns et des autres. Évidemment qu'il y a des drames épouvantables de l'autre côté. Écoute juste parce que ça nous est tombé sur la tête. On a été attaqués un matin. Écoute parce que ça peut aussi peut-être t’arriver. Parce que si tu as un enfant, un fils ou un père qui a 75 ans qu'on a attrapé un matin en slip dans son moshab et qu'on a mis dans un tunnel dans des conditions dégueulasses… Pense à ça, pense que ça peut aussi t'arriver’ ».

"Je voyais à la fois un pays qui se défendait et un pays qui était attaqué"

Comment lui est venue l’idée de faire ce livre ? "Je prenais des notes, je prenais des notes… C'est une sidération. Quand vous suffoquez, vous ne savez plus quoi faire de toutes les informations qui vous arrivent. Et donc, je voyais à la fois un pays fort et un pays blessé. Un pays qui se défendait et un pays qui était attaqué", a répondu Valérie Abécassis.

Pourquoi ce titre, Place des otages ? "Très rapidement, le parvis du musée d'art de Tel Aviv est devenu un lieu de rassemblement pour les otages, pour les familles d'otages. Et très rapidement, je m'y suis quasiment installée. Il se passait toujours quelque chose sur cette place des otages. Il y a eu de la politique, il y a eu de la culture, il y a eu de la foi, il y a eu de la ferveur, il y a eu des larmes. Il y a eu aussi des moments qui étaient complètement fous. Ils ont installé sur la place une table immense qui, au début, était une table qui m'avait saisie. Parce que moi qui viens de la culture, je me souviens des œuvres sur la Shoah, sur la disparition. Et là, tout d'un coup, je vois cette table avec des chaises vides pour marquer l'absence. Et je suis estomaquée par cette table, qui était pour moi la première manifestation. Pas culturelle mais presqu’artistique de notre désarroi, de notre vertige. Et puis, assez vite cette table, elle a commencé à être couverte de machins, les gens ont mis des fleurs. Et puis il y a un artiste qui a fait un tunnel. Si vous allez à Tel Aviv, sur la place il y a un tunnel. Vous pouvez visiter un tunnel pour expérimenter ce que vivent nos otages à Gaza. Et puis il y a une autre association qui a mis en place un kiosque avec de la réalité virtuelle. Vous mettez un casque et vous imaginez que vous pouvez voir ce qui est arrivé aux gens du sud de l’Israël", a raconté Valérie Abécassis.

"La France Insoumise a instrumentalisé la population musulmane française"

Qu’inspirent à Valérie Abécassis, à titre personnel, les propos tenus par les élus de La France Insoumise à l’encontre d’Israël ? "Moi, en tant que personne, et si on était en off, je vous dirais que c'est une sale race, vraiment, ces gens-là. Ces gens-là, à un moment donné, l'histoire va les juger comme on a jugé Hitler, comme on a jugé Staline… Parce que ce qu'ils ont fait… instrumentaliser la population musulmane française, les assigner à ces statuts-là au lieu de leur dire : ‘mais les gars, vous êtes des Français’. Comme vous comprenez, ils les ont sortis de ce projet républicain, de ce projet français pour en faire des présupposés soutiens des Palestiniens sans même se poser la question du Hamas. Sans même s'interroger sur les conséquences que ça peut avoir dans la graine de chaque gamin qui habite en banlieue, pour poser la haine du juif, la haine de l'Israélien. C'est un scandale, c'est un abandon de la République. La politique, je ne voulais pas en parler. Mais ces gens-là, je les trouve dangereux parce qu'eux, ils mettent en danger des gens comme vous", a répondu Valérie Abécassis.

Retrouvez “L'invité média” de Gilles Ganzmann chaque jour à partir de 10h00 dans “Sud Radio Média” avec Christine Bouillot.

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