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À Beyrouth, “Ils ont fêté l’attaque de l’Iran”

Par Jean Baptiste Giraud

Le Père Guillaume Bruté de Rémur, prêtre français vivant depuis 25 ans au Liban, témoigne de l'ambiance à Beyrouth.

Beyrouth
Quelle vie au quotidien à Beyrouth, sous les bombardements israéliens ? (jorono de pixabay - Canva )

Dans la nuit, une nouvelle frappe israélienne a touché un centre de secours du Hezbollah dans le sud de Beyrouth, faisant six morts. Le Père Guillaume Bruté de Rémur, prêtre français vivant depuis 25 ans au Liban, témoigne.

Le sud de Beyrouth ciblé par Israël

Responsable d’une mission de formation pour les prêtres, il vit au sud de Beyrouth, près d’un quartier chiite. "Je vis sur la commune de Chiyah, un quartier divisé en deux entre partie chrétienne et partie musulmane. Un secteur particulièrement ciblé par l’armée israélienne : c’est la zone où sont la plupart des chiites qui vivent dans la région de Beyrouth. C’est là où le Hezbollah est particulièrement bien ancré, et la partie de Beyrouth qu’Israël cible pratiquement tous les jours."

"Il y a des réfugiés chiites, qui viennent se réfugier dans les zones non bombardées. Au Liban, nous avons aussi reçu deux millions de réfugiés syriens depuis la guerre civile en Syrie. Ils tentent d’y retourner du fait de la situation de guerre au Liban. Ils ont beaucoup été dans la zone de la Bekkah, extrêmement bombardée par Israël, et ont tendance à se réfugier dans les zones chrétiennes."

"C’est un peu schyzophrénique"

"Je suis rentré à Beyrouth depuis quelques jours, précise le Père Guillaume Bruté de Rémur. Il n’y a pas énormément de tensions interconfessionnelles, mais il y a une espèce de méfiance qui s’installe. Les écoles publiques sont obligées d’accueillir les déplacés. Nous avons dans le quartier plusieurs écoles remplies de réfugiés chiites des zones bombardées. Là, je suis à la fenêtre de mon bureau, je vois la fumée grise des bombardements de la nuit. Hier, la maison a tremblé. Ce sont des choses auxquelles on s’habitue, mais cela crée un état d’anxiété continu. Nous sommes dans une réaction en chaîne, une surenchère. C’est un peu schizophrénique : les quartiers chiites sont bombardés, mais quand on leur annonce que l’Iran a riposté, c’est une exultation de joie dans tout le quartier, des tirs en l’air."

"Dans notre zone, il n’y a pas eu trop de choses violentes. Mais dans le centre de Beyrouth, des déplacés des zones chiites ont tenté de rentrer dans des immeubles, surtout de bureaux. Il faut comprendre qu’ils sont à la rue, sans rien, du jour au lendemain. Cela est extrêmement compliqué. On sent la tension. On est toujours à l’écoute de ce qui se passe. Il faut savoir si le front de la guerre se déplace vers nous ou pas, pour fuir la zone ou se protéger. Pour le moment, nous ne pensons pas partir."

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