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Afrin : "Les Kurdes n'imaginaient pas que les Occidentaux puissent les abandonner"

Par Jérémy Jeantet

Marie Buzyn, photojournaliste de retour d'Afrin, dans les territoires kurdes du nord de la Syrie, était l'invitée de l'émission André Bercoff dans tous ses états sur Sud Radio.

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Revenue d'Afrin, ville du nord de la Syrie, dans les territoires kurdes, Marie Buzyn, photojournaliste, a raconté, dans l'émission André Bercoff dans tous ses états, la situation sur place.

"Depuis le 20 janvier, l'armée turque mène une offensive sur le canton d'Afrin, se rapprochant peu à peu vers la ville, bombardant les villages et poussant les gens des campagnes à se réfugier en ville, a-t-elle expliqué. Nous avions cependant un sentiment de sécurité, nous n'imaginions pas que l'armée turque, qui est la deuxième armée de l'Otan, puisse s'en prendre à une ville remplie de civils (...) Et à partir de mardi, il y a 10 jours, les premières bombes ont commencé à tomber au centre-villes."

C'est alors les Kurdes qui l'ont aidé à évacuer la ville, alors qu'eux-mêmes ont le sentiment d'avoir été abandonnés par les Occidentaux : "Les Kurdes de Syrie ont été nos alliés dans la lutte contre Daesh. C'est eux qui sont venus à bout de Raqqa. Il y avait les avions de la coalition, notamment américains, mais au sol, c'était les Kurdes de Syrie, avec tous les autres peuples de la région. Ce sont eux qui ont reconquis Raqqa, ce n'est pas du tout les troupes d'Assad. Ils ont sacrifié 17 000 de leurs jeunes à cette reconquête et ils n'imaginaient pas qu'à Afrin, les Occidentaux puissent les abandonner. Ce qui est remarquable, c'est que eux, sur le terrain, ne nous ont pas abandonné et nous ont tenus en sécurité jusqu'au bout."

Face aux bombardements surprise de l'armée turque, la ville d'Afrin est "tombée en cinq jours" et le président turc Erdogan a annoncé qu'il n'entendait pas s'arrêter là : "Il annonce qu'il va continuer vers l'est pour conquérir Kobané et qu'il ira jusqu'à la frontière irakienne. Là, on vient de voir qu'il fait ce qu'il annonce et de façon encore plus violente qu'on ne l'envisageait. Il a bombardé le centre-ville, l'hôpital, ce qui est un crime de guerre. Il a commis une incursion dans un territoire souverain, la Syrie. C'est une agression au sens des lois internationales. On est face à des actes très graves, qu'il annonce, qu'il exécute et de façon encore plus violente qu'on ne le pense."

De retour en France, Marie Buzyn se dit "très choquée" qu'on abandonne les Kurdes à leur sort et qu'on "abandonne nos valeurs. Certes, il y a la realpolitik, la Turquie est dans l'Otan et contient les dizaines voire les centaines de millions de réfugiés. Mais il y a le long terme. Il faut qu'on prenne conscience que si on laisse s'installer un fief islamiste aux portes de la Turquie, il y aura des conséquences pour nous à long terme sur la lutte contre le terrorisme."

Écoutez l'interview de Marie Buzyn, invitée d'André Bercoff dans tous ses états sur Sud Radio

 

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