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Alain Rodier : "L’Espagne a une position particulière au sein de l’Europe"

Par Benjamin Jeanjean

Invité du Grand Matin Été sur Sud Radio, le directeur-adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement, Alain Rodier, n’est pas surpris par la double attaque terroriste qui a frappé l’Espagne la nuit dernière.

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Quelques heures après l’attaque terroriste de Barcelone à la voiture-bélier, un second attentat a eu lieu sur le même mode opératoire à Cambrils, dans le sud de la Catalogne. Un double attentat qui pose de nouveau la question du terrorisme en Europe, très touchée ces derniers mois dans de nombreuses villes (Paris, Berlin, Manchester, Londres, Stockholm…). "Il y a deux méthodologies. Tout d’abord le commando infiltré, qui revient du front syro-irakien voire d’un autre front, et qu’on craint beaucoup. C’est ce qu’il s’est passé dans le cadre du Bataclan et du Stade de France. Et puis il y a des gens qui ne sont jamais vraiment partis et qui montent eux-même un attentat en suivant les prescriptions données par la propagande de l’État Islamique ou d’Al-Qaïda. Ensuite, il y a une sorte d’effet de mimétisme : s’il s’est passé quelque chose à Paris, on va essayer de faire la même chose à Berlin, à Londres ou à Barcelone", analyse Alain Rodier, spécialiste du terrorisme et directeur-adjoint du Centre français de recherche sur le renseignement, au micro de Sud Radio

"Dans la propagande jihadiste, c’est une reconquête d’al-Andalous"

Selon lui, l’Espagne est une cible de choix pour le terrorisme jihadiste. "Cette attaque ne me surprend pas dans la mesure où on savait l’Espagne visée même si on n’en parlait pas beaucoup. Elle a une position un peu particulière au sein de l’Europe puisqu’elle est considérée comme terre d’islam par les salafistes jihadistes qui l’appellent al-Andalous, du nom de l’Andalousie qui a longtemps été sous domination maure. Dans la propagande, c’est donc une reconquête de ce territoire, qui ne date d’ailleurs pas d’hier. Al-Qaïda canal historique en parle depuis des années, et l’État Islamique officiellement né en 2014 a repris le discours de la maison-mère. Rappelons aussi que l’Espagne a participé à la coalition en Irak en envoyant des instructeurs et de la logistique, ainsi qu’à la guerre en Afghanistan", explique-t-il.

"Tous les pays européens croulent sous les alertes attentats"

Face à la multiplication des attaques terroristes en Europe, doit-on pointer du doigt des failles dans les services de renseignement européens ? Rien n’est moins sûr selon Alain Rodier, même si la CIA semble avoir prévenu l’Espagne ces derniers temps d’un risque d’attentat à Barcelone. "Je n’aime pas trop le mot "faille", il faut à chaque fois trouver des responsables… Il y a certainement eu une prise en compte moyenne de l’information américaine. Mais tous les pays européens croulent sous les alertes attentats. Les Américains avaient l’air d’être précis, eux qui coopèrent très étroitement avec les services marocains, qui ont également dû envoyer des informations intéressantes. Mais si jamais on devait fermer tous les lieux sont susceptibles d’être frappés par l’État Islamique, tous les habitants des grandes villes européennes resteraient chez eux", estime-t-il.

"Le problème est global, même pas uniquement européen. Il est absolument indispensable que cette coopération se poursuive. Elle existait déjà auparavant, on a un peu réinventé le fil à couper le beurre. Mais les procédures étaient un peu lentes et on s’est aperçus que les terroristes allaient plus vite que les autorités. Pour intervenir plus rapidement, il fallait que les transmissions d’informations ou les accès aux différents fichiers soient plus fluides. Mais comme dans toute organisation humaine, rien n’est parfait et il y aura toujours des choses à améliorer", ajoute-t-il.

Réécoutez ici l'intégralité de l'interview d'Alain Rodier dans le Grand Matin Été

 

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