Bat Ye'or était l’invitée d’André Bercoff le mardi 9 novembre sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-14h, "Bercoff dans tous ses états", pour son livre "Elie" (éd. Les Provinciales). Un livre sur l’histoire des juifs et des chrétiens en terre d’islam.
Bat Ye’or est juive. Elle est une spécialiste des minorités du Moyen-Orient. Une spécialiste de la complexité de ces minorités, de ces peuples. Née au Caire, elle grandit dans cette ville égyptienne, avec qui elle garde un profond attachement, et de très bons souvenirs avec ses amis chrétiens et musulmans. Néanmoins, dans les années 50, elle quitte l’Égypte pour des raisons politiques, à cause du conflit entre ce pays et Israël, et les conséquences qui pesaient alors sur les juifs.
La fuite d’Égypte, un événement historique
"Quand je vivais encore en Égypte, j’ai été témoin de l’expulsion soudaine des familles juives. J’ai compris que c’était un événement historique, à savoir la disparition d’une communauté qui datait de l’époque biblique. Je me devais d’écrire cela. Je savais que j’étais un écrivain et une romancière. J’ai enregistré par le regard tout ce que je voyais. Puis, j’ai entrepris des études, pour écrire. J’ai accumulé énormément de recherches et d’histoire sur la dhimmitude", explique Bat Ye’or au micro d’André Bercoff.
"Bien aimés les souffrants". C’est le titre de la trilogie que Bat Ye’or est en train d’écrire. "L’être dhimmi, c’est la population non musulmane ciblée par le jihad. Le jihad, ce n’est pas les croisades. C’est un ensemble. Quand une population non-musulmane est vaincue par le jihad, le vainqueur peut mettre à mort, ou la tolérer dans son pays. Elle peut alors pratiquer sa religion dans certaines limites, s’administrer selon ses propres lois, mais reconnaître la supériorité de l’islam dans tous les domaines", ajoute la spécialiste du Moyen-Orient.
Le concept d'islam
Dans l’islam, la religion, la politique et l’institution judiciaire sont liées, rappelle Bat Ye’or. D’où cette exclusion religieuse qui s’étend en exclusion politique. Une dimension que l’on a parfois retrouvée dans le christianisme. "Le christianisme a cette obligation d’évangéliser pour sauver les populations par la foi. Hors de l’Église, point de salut", lance-t-elle, précisant que le christianisme n’a pas d’institution semblable au jihad, qui est un concept de guerre permanent et sépare la religion et la politique. À la différence du judaïsme qui, selon elle, n’a jamais voulu s’imposer par la force à tous les peuples.
Pour Bat Ye’or, l’Occident a aujourd’hui sa part de responsabilité dans le durcissement du monde musulman et son retour à une certaine radicalisation. "L’Amérique a favorisé les mouvements de réislamisation, sa façon de combattre le communisme. Et l’Europe, de son côté, et particulièrement la France, s’est toujours alliée aux mouvements les plus radicaux pour pouvoir se protéger. Après la décolonisation, craignant les attaques jihadistes, les gouvernements européens ont trouvé bon de s’allier aux mouvements les plus radicaux pour se mettre à l’abris des représailles", lance-t-elle.
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