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BHL et "la saloperie de la guerre" à Mossoul

Par Mathieu D'Hondt

L’écrivain et philosophe Bernard-Henri Lévy était ce jeudi l’invité du Grand Matin Sud Radio. Il est venu présenter son nouveau documentaire réalisé à Mossoul (Irak), théâtre actuellement d'une lutte sans merci entre les forces irakiennes et les combattants jihadistes.

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"La bataille de Mossoul", tel est le titre du reportage réalisé par BHL entre octobre 2016 et janvier 2017 et qui sera diffusé samedi soir à 18h35 sur Arte. Un témoignage rare qui décrit la situation sur le terrain alors que la deuxième ville d'Irak est aujourd'hui la cible prioritaire des troupes irakiennes mais aussi des combattants peshmergas qui tentent de la libérer du joug jihadiste

"La saloperie de la guerre"

Le philosophe est venu nous présenter ce film ce jeudi dans le Grand Matin Sud Radio de Dimitri Pavlenko. Ce reportage a pour vocation première de montrer "la saloperie de la guerre" car comme il le rappelle, bien qu'il ne l'a "jamais aimée" et qu'elle s'avère "parfois nécessaire et juste" selon lui, la guerre demeure "une horreur absolue".

Si BHL a tourné ce film, c'est aussi et surtout pour parler de Daesh, pour montrer qu'il existe une "montée de l'islamisme radical" et "des cellules jihadistes dormantes - en France et en Europe - qui prennent leurs ordres à Mossoul". C'est la raison pour laquelle le philosophe a donc choisi de se rendre "à la source"dans cette ville d'Irak déchirée par les combats, afin d'être au contact "des combattants de la liberté qui sont en train de chasser Daesh à la base".

Aux côtés des Peshmergas ("Ceux qui vont au devant de la mort" en kurde), dont il parle en des termes élogieux - notamment les femmes combattantes qui "ne sont pas les moins courageuses et les moins admirables" - Bernard-Henry Lévi a pu se rendre compte de la dureté mais aussi de l'aberration de la situation : "Ces hommes et ces femmes se battent pour des bouts de cailloux, quand on dit libération de Mossoul, ce ne sont que des tas de ruines". Et l’intéressé d’ajouter que "se battre, dépenser autant d'énergie, faire couler tant de sang, perdre tant des siens pour libérer des cailloux et des gravats", est "quelque chose qui est tellement à l'image de cette époque nihiliste".

Autant d'éléments traumatisants qui font dire à notre invité du jour qu'il est "rentré très abîmé de ce tournage

La question des rapports entre sunnites et chiites

Si BHL a tenu à insister sur l'intérêt porté à ceux qu'il appelle "les combattants de la liberté", "ceux qui nous défendent contre le rempart du jihadisme", il est également revenu sur la complexité de la situation et des rapports parfois délicats entre les habitants et les différentes factions qui combattent sur place.

Des divergences qui s'expliquent en partie à cause du sempiternel conflit entre les deux branches de l'islam que sont le chiisme et le sunnisme. Ainsi, le philosophe explique qu'il est difficile d'estimer le soutien réel apporté aux jihadistes par la population locale de Mossoul car c'est une ville à majorité sunnite. Dans le même temps, les troupes irakiennes dont la mission est justement de libérer la cité, obéissent eux à un régime d'obédience chiite. Or comme "ce n'est pas la lune de miel" entre les deux courants - pour reprendre les termes de notre invité - on se trouve, selon lui, dans une situation où "une espèce de grande ombre de la guerre sectaire entre sunnites et chiites plane au dessus de cette libération de Mossoul".

Au cours de l'interview largement consacré à son projet, Bernard-henry Lévi n'a bien évidement pas pu échapper à l'actualité du moment. Interrogé sur l'affaire Fillon, dont son fils Antonin est l'avocat, il s'est montré peu loquace mais a toutefois concédé qu'on était "en train de passer à côté du grand débat démocratique", en raison de l'"atmosphère surréaliste qui règne dans le pays". Il a conclu en affirmant être accablé que des sujets aussi importants que la Syrie, Daesh ou les relations Trump-Poutine soient mis de côté, concluant par cette phrase teintée de pessimisme : "Je ne sais pas vers quoi on marche, mais il y a quelque chose d'inquiétant".

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