Les événements s’accélèrent en Espagne et Catalogne, où la crise politique n’a jamais été aussi forte entre Barcelone et Madrid. Alors que le gouvernement espagnol a prononcé la mise sous tutelle de la Catalogne, le Parlement catalan a, lui, voté l’indépendance de la région. Une situation compliquée donc, à laquelle le journaliste espagnol Juan José Dorado a réagi ce vendredi lors du journal de 18h sur les ondes de Sud Radio.
"La loi est du côté de Madrid"
Selon lui, cette mise sous tutelle de la région la plus riche d’Espagne sera compliquée à mettre en œuvre. "Une mise sous tutelle n’est pas du tout facile à mettre en place, d’ailleurs le gouvernement espagnol se réunit à cet instant précis pour décider des modalités d’application. Ce qui sera fait dans les prochaines heures, c’est la destitution du gouvernement catalan. Ensuite, ce sera à la justice de déterminer comment mettre tout ça en place. Le parquet espagnol va sans doute déposer une plainte en rébellion contre le gouvernement catalan qui supposerait, si elle est acceptée, un ordre d’arrestation des membres du gouvernement catalan", explique-t-il.
"Ça va être forcément compliqué, d’autant plus qu’à l’instant où l’on parle, il y a des milliers de personnes face au palais du gouvernement catalan pour fêter l’indépendance. Aujourd’hui, on est tombés dans un abyme, face à une situation que personne ne contrôle. Ce qui nous fait peur, c’est le risque de violences et de confrontations. On sait qu’aujourd’hui la société catalane est complètement fracturée. Deux millions de personnes ont participé au vote du 1er octobre, ce qui signifie qu’environ quatre millions et demi de personnes ne l’ont pas fait. La mise sous tutelle sera donc très compliquée à mettre en place, mais la loi est du côté du gouvernement de Madrid. Ça prendra du temps, mais évitons les violences car ce serait impardonnable", ajoute-t-il.
"La moitié de la police catalane n’est pas indépendantiste"
Pour Juan José Dorado, le risque d’affrontements est aujourd’hui très élevé, alors que 6000 policiers espagnols sont actuellement présents dans le port de Barcelone. "Effectivement, il y a des forces de la police nationale et de la Guardia Civil qui ont été déplacées à Barcelone depuis le vote du 1er octobre, sans compter les effectifs qui sont déjà en poste. Il ne faut pas non plus oublier qu’un récent sondage disait qu’environ la moitié de la police catalane (entre 6000 et 7000 Mossos d’Esquadra) ne serait pas indépendantiste et suivrait les ordres du gouvernement espagnol le cas échéant. On a donc peur d’une éventuelle confrontation entre la police et la population indépendantiste, mais également entre les indépendantistes et les unionistes. Cela mettrait en lumière la fracture durable et profonde au sein de la société catalane", craint-il.
Réécoutez en podcast l’interview de Juan José Dorado sur Sud Radio