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Chute de Bachar al-Assad : "On ne fait jamais confiance à un islamiste"

Par Aurélie Giraud et

Après un demi-siècle de dictature sanglante, le régime de la famille al-Assad est enfin tombé. Un califat islamiste va-t-il lui succéder ?

Syrie
Le drapeau du groupe État islamique (EI) peint sur le mur à l'extérieur de l'ancien hôtel Minbij dans la ville de Manbij, en Syrie, qui a été utilisé comme prison lorsqu'il était sous le contrôle du groupe État islamique (EI), le 25 septembre 2016. (Ayham al-Mohammad - AFP/Archives)

Le régime de Bachar al-Assad s'est effondré en quelques jours face à une offensive fulgurante menée par le groupe Hayat Tahrir al-Sham, dit HTS. Le pays est en guerre civile depuis 13 ans, avec 500 000 morts et plus de 15 millions de personnes contraintes de fuir leurs maisons depuis 2011…

"Aujourd'hui, nous n'avons plus peur"

Omar Youssef Souleimane, journaliste franco-syrien, en fait partie. Né en 1987 près de Damas, il s’engage dans la résistance en 2011, filme les exactions et doit fuir le pays. Naturalisé français depuis 2022, il a réussi à joindre sa famille restée sur place "pour la première fois". "Imaginez à quel point c’est émouvant. C’est la première fois que je pouvais appeler ma mère, mes frères, mes cousins sans avoir peur pour eux. Nous n’avons pas dormi depuis deux jours. Tous les Syriens sont très émus."

"Depuis douze ans, nous n’arrivions pas à nous joindre, car les services de renseignement du régime contrôlait les appels. On peut enfin en parler à l’imparfait. Aujourd’hui, nous n’avons plus peur. Les gens sont dans les rues et détruisent les statues d’El Assad et de son père. J’attends qu’il y ait des avions pour pouvoir rentrer en Syrie et me rendre sur la tombe de mon père. Après tant d’années de cauchemar, de souffrance, nous avons besoin de temps pour réaliser que c’est vrai."

Des islamistes alliés d'al-Assad

Abou Mohammed al-Joulani devient le nouvel homme fort du pays. Quel espoir laisse-t-il ? "Peu importe quel régime remplace El Assad, ce ne peut pas être pire, même le diable", juge l'auteur de “Le Dernier Syrien” (Flammarion). "Plus de 500 000 morts, la moitié de la population réfugiée ou déplacée. Une partie disparue depuis 40 ans, que l’on croyait morts, que l’on découvre vivants dans les prisons d’Assad. On ne fait jamais confiance à un islamiste qui parle de la Syrie comme un État divers. C’est comme un imam qui se dirait athée."

"Plus de 40% de la population de la Syrie est Druze, alaouite, chrétien ou athée. Nous ne sommes pas en Afghanistan. La nature de la société syrienne n'est pas celle des talibans. Hier, j’ai appelé ma cousine, qui m’a dit qu’il n’était pas question que les islamistes nous commandent. Il faut aussi savoir que le régime Assad était toujours l’allié des islamistes. En 2004, il en a envoyé en Irak pour faire le Djihad. En 2011, il a libéré des milliers d’islamistes et de terroristes de ses prisons : c’est eux qui ont fait Al Nosrah. Aujourd’hui, on a peur des islamistes, mais ils étaient déjà là."

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