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Cinq questions pour comprendre l'accord sur la Grèce

Par Jérémy Jeantet

Ce lundi matin, les membres de l'Eurogroupe ont annoncé avoir conclu un accord pour débloquer un nouveau plan d'aide à la Grèce. Quelles mesures comprend-il ? En échange de quelles réformes ? Que va-t-il se passer dans les jours à venir ? Premiers éléments de réponse.

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A écouter les premières réactions, ce lundi, l'hypothèse d'un "Grexit" semble pour le moment écartée. Pourtant, tout le week-end, le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro a plané sur les négociations des pays membres de l'Eurogroupe, qui ont tardé à parvenir à un accord.

1. Quels aides financières ont été débloquées à la Grèce ?

La Grèce a donc obtenu un 3e plan de sauvetage d'un montant compris entre 82 et 86 milliards d'euros. Une enveloppe qui ne pourra être officiellement négociée qu'une fois qu'Athènes aura entamé le processus d'adoption de réformes structurelles imposées par ses créanciers.L'accord mentionne également des besoins urgents du pays en liquidités. Plusieurs échéances de remboursement approchent en effet pour la Grèce et les milliards du mécanisme européen de stabilité pourrait arriver trop tard pour y faire face. L'accord estime à 7 milliards d'euros les besoins du pays d'ici le 20 juillet et à 5 milliards d'euros à la mi-août.L'Eurogroupe étudiera de possibles versements d'urgence lors de ses prochaines réunions. Enfin, le texte de l'accord invite également à la création d'un fonds de réserve pour les banques grecques, estimé entre 10 et 25 milliards d'euros, pour garantir "les éventuels besoins en recapitalisation" de ces banques. Sur cette somme, une partie doit être immédiatement mise à disposition "dans un compte ségrégué au MES", permettant une réouverture rapide des banques du pays.

2. Quelles réformes en contrepartie ?

Alexis Tsipras a donc accepté les conditions imposées par ses créanciers de profondément réformer son pays, et de le faire vite. Le texte impose au Gouvernement grec de légiférer, avant le 15 juillet, soit ce mercredi, sur toute une première série de réformes. En moins de deux jours, Athènes devra donc s'attaquer à la TVA pour augmenter ses recettes, améliorer son système de retraites en vue d'une réforme globale mais aussi apporter l'assurance du respect des traités européens en prévoyant des coupes dans les dépenses en cas de déficit budgétaire. D'autres réformes sont attendues pour la semaine suivante. Ce n'est qu'après l'adoption de ces mesures qu'un protocole d'accord pourra effectivement être négocié. Toutefois, le texte signé ce lundi matin ne s'arrête pas là et réclame à Alexis Tsipras de renforcer sensiblement les propositions qu'il a formulées en fin de semaine dernière.Les institutions européennes demandent une réforme des retraites ambitieuse, une libéralisation d'une partie de l'économie, la privatisation du réseau de distribution de l'électricité, une réforme du marché du travail et un renforcement de son secteur financier.L'Europe demande également à la Grèce de renforcer son programme de privatisation avec la création d'un fonds chargé de privatiser des actifs grecs, afin de constituer une manne d'argent évaluée à 50 milliards d'euros servant à rembourser le prêt du MES.D'ici au 20 juillet, Athènes doit enfin formuler des propositions pour "moderniser et considérablement" renforcer son administration publique.

3. Pourquoi l'accord a-t-il été aussi long à se dessiner ?

Il aura fallu plus de 17 heures de négociations pour que les bases d'un accord soient enfin posées ce lundi matin. Pourtant, pendant le week-end, l'hypothèse d'un "Grexit" semblait de plus en plus proche, notamment par les désaccords apparents au sein du couple franco-allemand. Entre l'Allemagne, décidée à ne pas accepter un accord qui serait trop favorable à Alexis Tsipras et le Premier ministre grec, qui devait sauver la face après le "non" des Grecs au référendum la semaine dernière, les positions étaient difficiles à accorder. C'est ce qu'a tenté de faire François Hollande tout le week-end, multipliant les entrevues avec le Premier ministre grec et la Chancelière allemande. Au final, le protocole d'accord dévoilé ce lundi matin se révèle très exigeant envers Athènes, qui va devoir adopter des mesures très proches, voire similaires, à celles refusées par les Grecs lors du référendum, afin d'espérer toucher les versements du mécanisme européen de stabilité. Une tournure qui a provoqué de vives réactions, comme dans une partie de la gauche française dont Jean-Luc Mélenchon, qui parle d'un accord "revolver sur la tempe". Sur Twitter, de nombreux messages avec le slogan "#ThisIsACoup" ("Ceci est un coup d'Etat") critiquent les termes de ce protocole, écorchant au passage le rôle joué par l'Allemagne et Angela Merkel.

4. Quel effet sur les relations franco-allemandes ?

Elles sont apparues plutôt fraîches, ce week-end. Les voix de François Hollande et d'Angela Merkel n'ont pas toujours tenu le même discours au fil des heures, avant de finalement parvenir à une position similaire. Sous l'influence allemande, qui n'apparaissait plus très loin d'en accepter l'issue, l'hypothèse d'un "Grexit" est apparue comme plus que crédible au fil des heures et alors que les négociations semblaient dans l'impasse. De quoi motiver notamment Nicolas Sarkozy à interpeller François Hollande pour lui demander un rapprochement avec la Chancelière allemande. Le président de la République française joué sa carte bien connue de la synthèse, dans une position intermédiaire peu confortable. Finalement, ce lundi, l'ensemble de la majorité salue son action. Invité de Christophe Bordet sur Sud Radio, le conseiller régional PS François Kalfon a estimé que, sans le président de la République, le "Grexit" aurait eu lieu depuis longtemps. Un peu plus tôt, l'eurodéputé Yannick Jadot a soufflé "qu'il était temps que François Hollande commence à s'engueuler avec Mme Merkel". Si la rupture n'a pas été totalement consumée par la signature du protocole d'accord, le week-end a visiblement laissé des traces au sein du couple franco-allemand. Manuel Valls, sur BFMTV à la mi-journée, a reconnu "des sensibilités différentes" entre la France et l'Allemagne mais a voulu insister sur "la convergence de vue" qui a permis l'accord.

5. Et maintenant ?

La première étape sera donc l'adoption, par le Parlement grec, de la première série de mesures sur lesquelles Athènes doit légiférer avant ce mercredi. L'occasion de mesurer les répercussions de cet accord sur la classe politique en Grèce, mais aussi, d'ici-là, sur la population. Si un sentiment de soulagement semble prédominer à Athènes, des appels à manifester ont déjà été lancé pour protester contre un protocole d'accord qui va à l'encontre de la volonté du peuple exprimée dans les urnes lors du référendum de la semaine dernière. Le temps presse pour Athènes, car plusieurs échéances de remboursement d'emprunts précédents approchent. Pour y faire face, une possibilité de dégager, en urgence, une partie du plan d'aide, est évoquée. Parce que ce protocole d'accord, en plus d'attendre les réformes venant de Grèce, devra également être ratifié par les Parlements nationaux d'un certain nombre de pays, dont la France, comme l'avait promis Manuel Valls, et l'Allemagne, ce qui devrait rallonger un peu plus la procédure.

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