La décision est définitive. Hissène Habré, président du Tchad de 1982 à 1990, vient d’être condamné à la prison à vie pour crimes contre l’humanité. Le verdict a été rendu à l’issue de son procès en appel, devant un tribunal spécial africain siégeant à Dakar. Il s’agit du premier chef d’État africain à comparaître devant la justice d'un autre pays pour violations présumées des droits de l'homme.
Après son coup d'Etat en 1982, Hissène Habré s'était emparé du pouvoir, devenant rapidement l'architecte d'une répression terrible. Le bilan de la répression sous son gouvernement s’élèverait à près de 40 000 morts, selon les autorités tchadiennes.
Hissène Habré, aujourd'hui âgé de 74 ans, a en revanche été acquitté de l'accusation de viol, considérée comme une "infirmation partielle" qui ne devrait pas changer le verdict. Néanmoins, la condamnation définitive de l’ex-dirigeant africain reste une "immense victoire pour les victimes tchadiennes".
"Personne n'est au-dessus des lois"
Ce jugement confirme un jugement en première instance, rendu en mai 2016 par les Chambres africaines extraordinaires (CAE). Ces dernières avaient été créées en vertu d'un accord entre l'Union africaine et le Sénégal, où Hissène Habré s'est réfugié après le coup d’État de 1990.
"Aujourd'hui, je suis enfin en paix", admet avec soulagement Souleymane Guengueng, président d'une association de victimes qui lutte depuis plus de 26 ans pour que justice soit faite. Il avait été détenu pendant plus de deux ans par la police politique du régime Habré, la Direction de la Documentation et de la Sécurité (DDS). "J'espère que tous les dictateurs en Afrique ont compris le message - personne n'est au-dessus des lois !", a t-il rajouté par la suite.
L’ancien chef de l’État devrait purger sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l’Afrique.
Alexandra SEGOND