Le conflit entre la Russie et l’Ukraine fait augmenter le risque d’un conflit hybride qui toucherait l’intégralité de l’Union européenne, et donc la France. Une réelle "cyberguerre" serait-elle en cours actuellement ?
Cyberguerre : les Russes sont "un adversaire du cyberespace, mais pas un ennemi"
Fanch Francis, co-fondateur de la start-up Nano Corp spécialisée dans la cybersécurité et ex analyste forces russes au ministère des Armées, explique que la cyberguerre "a cette particularité qu’elle ne se déclare pas, elle s’affronte". Toutefois, il estime que la France n’est pas en cyberguerre avec les russes. "Je ne pense pas." Si les russes sont "un adversaire du cyberespace, mais pas un ennemi". Les opérations menées par les pirates russes sont "ciblées et circonscrites" et restent "en-dessous d’un seuil de réplique et de représailles officiel qui ne permet pas de dire qu’on soit en guerre ou qu’ils soient un ennemi".
Pour autant, les activités russes sont nombreuses. "En France, mais pas seulement", les Russes vont avoir des cibles différentes, explique Fanch Francis, en fonction des groupes mobilisés. "Il y en a qui vont être spécialisés dans la manipulation de l’information et l’influence d’opinions. Et d’autres qui vont être spécialisés dans l’infiltration d’infrastructures critiques" comme les télécoms ou encore l’énergie. Les russes tentent-ils de pénétrer nos infrastructures ? "C’est plus que probable", affirme Fanch Francis. "Bien sûr qu’ils tentent", explique le spécialiste, qui assure que pour l’instant ce n’est pas certain que ces failles soient exploitées. "Ils les gardent au chaud."
"Ils vont aller taper dans des cibles secondaires, c’est-à-dire tout ce qui sert à faire qu’une centrale fonctionne"
Les hackers russes tentent de pénétrer dans les infrastructures, notamment les centrales nucléaires. De quoi leur permettre d’en prendre le contrôle ? "Non", en particulier car les centrales sont "les cibles les plus protégées" par la France. D’ailleurs, pour Fanch Francis, il ne cibleront que rarement ces cibles primaires. "Ils vont aller taper dans des cibles secondaires, c’est-à-dire tout ce qui sert à faire qu’une centrale fonctionne". Comment ? En ciblant les centaines voire milliers de sous-traitants, moins protégés. "Ils vont aller déstructurer toute la chaîne d’approvisionnement", explique le spécialiste de la sécurité, ciblant autant les "agents d’entretien" que "les fournisseurs de matériaux" ou "la restauration" ce qui fait que "la centrale ne peut plus fonctionner à plein puissance".
Les hackers russes sont parmi les meilleurs du monde. Ce qui n’est pas forcément le cas des hackers français car ces derniers ont "un peu moins de pratique", bien qu’ils soient tout aussi doués. "Il n’y a aucune bride sur la lutte informatique offensive russe", autant pour les groupes étatiques que des hackers malveillants. "Ils ont une expérience de la guerre cyber que les opérateurs français n’ont pas", analyse Fanch Francis. Contrairement aux hackers russes, les spécialistes de la cybersécurité français n’ont pas le droit de mener des campagnes offensives sur l’ensemble du globe, ce qui limite leur expérience de terrain. S’il n’y a "aucun doute que les Français opèrent des opérations cyber", ces opérations n’ont ni le même volume ni le même impact que les opérations menées par les Russes.
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