Les critiques pleuvent sur le président vénézuélien. Jeudi, la Cour suprême du pays, réputée proche de Nicólas Maduro, a décidé de s’octroyer le pouvoir législatif. "Tant que l'Assemblée nationale sera hors-la-loi, les compétences parlementaires seront exercées directement par" la Cour suprême, a décidé la plus haute juridiction du pays. Désormais, le régime présidentiel concentre tous les pouvoirs : exécutif, armée, justice et législatif.
Cette décision est le dernier épisode de la crise que traverse le pays, depuis la victoire de l’opposition antichaviste aux élections législatives fin 2015. Depuis, la Cour suprême n’a cessé de réduire le pouvoir des législateurs, notamment en supprimant l’immunité des députés, ouvrant ainsi la voie à de possibles procès pour haute trahison devant des instances militaires. La haute juridiction avait également déclaré nuls tous les votes de l’Assemblée nationale en réaction à l'investiture de trois députés antichavistes dont l'élection était entachée de soupçons.
La communauté internationale condamne cette décision
À travers le monde, les réactions se sont multipliées. De l'Union européenne au secrétaire général de l'Organisation des États américains en passant par les États-Unis, le Brésil, la Colombie, le Chili ou le Mexique, tous ont condamné la "rupture de l'ordre constitutionnel" ou le "coup d'État" au Venezuela. Le Pérou a rappelé son ambassadeur à Caracas.
Un porte-parole du département d'Etat américain a dénoncé un "grave recul" pour la démocratie au Venezuela. "Les Etats-Unis condamnent la décision du 29 mars de la Cour suprême du Venezuela d'usurper les pouvoirs de l'Assemblée nationale démocratiquement élue", a déclaré le porte-parole du département d'État américain dans un communiqué.
Le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est inquiété de la décision de la Cour suprême vénézuélienne déclarant que sans séparation des pouvoirs "la démocratie est brisée". "Pour la liberté, la démocratie et l'Etat de droit au Venezuela", a tweeté le dirigeant conservateur.
Au sein du pays, de nombreuses voix se sont aussi élevées contre cette décision. "Nicólas Maduro vient de commettre un coup d'État", il a "retiré le pouvoir au peuple", a lancé le président du Parlement vénézuélien, Julio Borges, en appelant l'armée à sortir du "silence" face à la rupture de l'ordre constitutionnel.
"Une dictature règne" au Venezuela. "Le moment est venu de crier à l'aide de la communauté internationale", a lancé depuis la Colombie Henrique Capriles, l'un des principaux opposants vénézuéliens.