Moins de visas pour les Algériens, Marocains et Tunisiens : "Une politique d’afficher la fermeté"
"C’est une sanction à l’attitude des pays du Maghreb qui, du point de vue français, laisseraient passer des sans-papiers et ne voudraient pas les reprendre, explique Catherine Wihtol de Wenden, chercheur au CNRS spécialiste des migrations internationales. Ce n’est pas nouveau ; d’ordinaire, c’était avec des pays subsahariens que l’on avait ce genre de sanctions. Il y avait une sorte de donnant-donnant : vous reprenez vos sans-papiers et on vous donne des visas."
"Il y a aussi l’affichage, une politique d’afficher la fermeté, estime Catherine Wihtol de Wenden. Là, l’approche des présidentielles peut expliquer cette posture de durcissement. C’est une escalade de sanction pour ceux qui sont frappés d’OQTF (Obligation de quitter le territoire français) et que ces trois pays ne reprennent pas. Soit parce que l’on n'est pas sûr de vers quel pays les envoyer, soit parce que ces pays du Maghreb font des difficultés pour les reprendre."
Moins de visas pour les Algériens, Marocains et Tunisiens : "Cela coûte très cher, une reconduction à la frontière"
L’exemple algérien est frappant : entre janvier et juillet de cette année, la justice française a ordonné plus de 7.000 obligations de quitter le territoire français, seulement 22 sont partis, soit 0,2%. Comment en arrive-t-on là ? "Le taux moyen est de 12,5%, rappelle la spécialiste des migrations internationales. Le président Macron avait dit que, quand il serait élu, toutes les OQTF seraient appliquées, et ce n’est pas vrai. Cela coûte très cher, une reconduction à la frontière. Il y a beaucoup de difficultés à l’embarquement, les commandants de bords, s’il y a de l’agitation, ne veulent pas prendre la responsabilité de reconduire ces personnes."
"D’autre part, les pays de départ ne donnent pas leur accord pour reprendre ces personnes. Tant qu’il n’y a pas accord de la part du pays de départ, on ne peut pas expulser ces personnes." Peut-on empêcher des maghrébins de venir en France avec des visas obtenus ailleurs au sein de l’Union européenne ? "Tout à fait, la Tunisie a un accord avec l’ensemble de l’Union, rappelle Catherine Wihtol de Wenden. Le Maroc, en revanche , n’a jamais voulu un accord multilatéral avec les pays européens. Cela leur donne plus de marge de manœuvre avec des accords bilatéraux."
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