Depuis début janvier, des procédures sont lancées contre cinq influenceurs algériens et une franco-algérienne. Et ce pour des propos haineux visant souvent des opposants algériens. L’Algérie a dénoncé l’expulsion "arbitraire et abusive" de l’influenceur Doualem, placé en Centre de Rétention Administrative, qui devra être jugé fin février pour incitation à commettre un crime.
Algérie : un système d’agents d’influence en France
Pour Chawki Benzehra, traducteur, opposant algérien réfugié en France, des milliers d’influenceurs poussent à la haine de la France. "Avez-vous réalisé la jubilation chez une grande partie des Algériens, après le 7 octobre ? Tout spécialement le viol des femmes, c’est ce qui réjouissait le plus. Je n’en ai vu aucune trace dans vos médias, comme si vous n’aviez rien vu, rien perçu", écrit-il. "J’ai l’impression qu’on se voile beaucoup la face en France sur certains sujets. On a peur d’une stigmatisation. Cela ne me fait pas plaisir de relever cela. Mais c’est aussi présent en France, il y a une diaspora. Sur la colonisation, la guerre d’Algérie, la question israélo-palestienne, il faut un contre discours. Quelque chose a été actionnée au sein de la société française."
Le régime du président Tebboune a été élu avec 94% des vois et 76% d’abstention. Quel est son intérêt aujourd’hui à jouer sur un nationalisme algérien ? "Il y a derrière lui une junte militaire qui tient les choses. « On vous déteste en France », a-t-il dit à la diaspora algérienne en France pour mobiliser. On commence à parler de soldats dormants, de milliers de personnes qui soutiennent le régime, des moujahidines 2.0 prêts à défendre la nation algérienne. Il y a un danger avec tout ce système d’agents d’influence qui pose vraiment problème sur le sol français."
Algérie : "J'ai grandi dans la haine de France, et les propos de Boualem Sansal me choquaient, mais en réalité, c'était un lanceur d'alerte avant l'heure" pour @ChawkiBenzehra #GrandMatinhttps://t.co/XIjEYwafXu pic.twitter.com/eIktABCXcl
— Sud Radio (@SudRadio) January 13, 2025
"Boualem Sansal était un lanceur d’alerte"
Quid de Boualem Sansal ? "Il y a beaucoup de rumeurs, explique Chawki Benzehra. Il n’est pas actuellement en cellule, et serait dans une unité hospitalière en prison. Son état de santé s’est beaucoup détérioré depuis qu’il est incarcéré." Pourquoi afficher sa photo sur son profil X, alors qu’il était auparavant opposé à ses propos ? "J’étais choqué par ses propos, j’avais des critiques virulentes contre lui. Dans le système éducatif algérien, on nous répétait certains leitmotiv. On nous parlait de 1,5 million de martyrs, maintenant de 5,3 millions. J'ai grandi dans la haine de la France, et ses propos me choquaient. Mais Boualem Sansal était en fait un lanceur d’alerte avant l'heure."
"J’étais souvent critique à l'égard du gouvernement français, reconnaît ce Tiktokeur critique repenti. Emmanuel Macron avait une politique conciliante à l’égard du pouvoir algérien. Boualem Sansal disait des réalités qui peuvent choquer, avec de la provocation parfois. Mais cela enlève un outil au régime algérien, qui détourne toujours l’attention de l’état catastrophique du pays sur le plan social et politique."
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