Au lendemain de plusieurs manifestations anti-Maduro au cours desquelles 3 personnes ont été tuées et une trentaine d'autres blessées, l'ensemble de l'opposition vénézuelienne a lancé ce jeudi un appel en faveur de la poursuite du mouvement, exhortant ses partisans à organiser de nouveaux rassemblements contre le successeur de Hugo Chavez. La veille au soir, l'opposant Henrique Capriles avait déjà appelé "le peuple tout entier à se mobiliser", lors d'une conférence de presse organisée à la hâte par la Table de l'unité démocratique (Mesa de la Unidad Democrática, MUD), formation coalisée des partis d'opposition.
Deux manifestants et un militaire tués
Plusieurs centaines de milliers de personnes s'étaient ainsi rassemblées mercredi dans la capitale Caracas ainsi que dans de nombreuses autres villes du Venezuela, afin de protester contre la maintien au pouvoir de Nicolas Maduro, considéré par l'opposition comme le principal responsable de la situation critique que traverse actuellement le pays. Tout au long de cette journée de tensions, les accès de la capitale ont été bloqués par un important dispositif de policiers et de militaires. Aux cocktails molotov des manifestants, les forces de l'ordre ont répliqué par des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Tard dans la nuit, certains quartiers de la capitale ont par ailleurs été marqués par des scènes de pillages dans des boulangeries et des supermarchés.
Un adolescent de 17 ans ainsi qu'une jeune femme de 23 ans ont été tués à Caracas et San Cristobal, ville frontalière avec la Colombie, Les victimes auraient été mortellement touchées par des tirs d'inconnus cagoulés qui circulaient à moto, selon les autorités locales. Si l'on en croit des témoignages de témoins cités par l'AFP, les auteurs des coups de feu seraient des "colectivos", nom désignant des groupes de civils armés par le gouvernement. Un militaire a par ailleurs été tué par des manifestants en banlieue de Caracas, selon l'un des proches du président.
Sur les trois dernières semaines, huit personnes ont été tuées et plus de 500 autres ont été arrêtées dans le pays selon l'ONG locale Foro Penal. La contestation est née du tollé provoqué par une décision autorisant la Cour suprême à s'arroger les prérogatives du Parlement le 1er avril dernier. Si le pouvoir a finalement rétropédalé 48h seulement après la manœuvre, le mouvement ne s'est en revanche guère essoufflé.
Depuis 2015, le Venezuela connaît une crise politique et économique sans précédent, marquée par l'impopularité croissante du président socialiste Nicolas Maduro, dont l'opposition - majoritaire au Parlement - n'a de cesse de réclamer le départ.