Récemment intronisé président des États-Unis, Donald Trump ne chôme pas et multiplie les consultations depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche. Ainsi, comme l’indique une source présidentielle turque citée par l’AFP ce mercredi, le président américain s’est entretenu au téléphone la nuit dernière avec son homologue Recep Tayyip Erdogan. Alors que la Turquie occupe aujourd’hui une place centrale dans les questions diplomatiques et géopolitiques du Proche et Moyen-Orient, les thèmes de discussion ne manquent pas entre les deux administrations.
La lutte contre le terrorisme
La lutte contre le terrorisme a ainsi bien évidemment été abordée dans cette discussion, et les deux dirigeants ont convenu d’agir main dans la main contre le groupe État Islamique. Pour rappel, Donald Trump a signé très récemment un décret sollicitant un plan d’action militaire pour vaincre l’EI. "Cela va être une grande réussite", avait-il déclaré au moment de signer ce décret. Ce plan devrait lui être soumis d’ici la fin du mois de février.
L’établissement de zones de sécurité en Syrie
C’est un autre sujet qui a été évoqué par les deux présidents. Fin décembre, Donald Trump avait déjà pris l’engagement d’établir de telles zones pour aider les civils syriens confrontés à la guerre. "Nous allons essayer de régler ça, et nous allons essayer d’aider la population. Nous allons établir des zones de sécurité", avait lancé le milliardaire devant des partisans à Orlando (Floride). A l’époque, son prédécesseur Barack Obama avait estimé qu’un tel projet serait compliqué à mettre en œuvre, car il nécessiterait une protection par des troupes au sol, perspective qui a très peu de chances d’être approuvée par le régime syrien et ses alliés. Reste à savoir si la médiation de la Turquie et la nouvelle donne incarnée par Donald Trump pourrait inciter la Russie à lâcher du lest sur cette question.
La crise des réfugiés
Problématique majeure pour l’électorat de Donald Trump, la question des réfugiés a elle aussi été débattue entre les présidents américain et turc. Alors que le décret anti-immigration américain ne cesse d’être contesté et remis en cause aux États-Unis, la Maison Blanche n’est pas sans savoir que la Turquie joue un rôle majeur dans cette crise. Même si le continent américain est moins exposé à l’afflux de réfugiés de cette région du globe, la Turquie reste une étape principale de la route des migrants entre Moyen-Orient et Europe. Erdogan le sait et ne se prive d’ailleurs pas pour brandir cet argument à chaque discussion avec les puissances européennes.
La question kurde
Lors de cet entretien téléphonique, le président Erdogan aurait demandé à son homologue de mettre fin au soutien que les États-Unis apportent aux miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), que la Turquie accuse d'être une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré comme une organisation terroriste. L’aversion que porte Erdogan au PKK ne date pas d’hier et représente un volet non négligeable du conflit syro-irakien ces dernières années. Le directeur de la CIA, Mike Pompeo, doit se rendre en Turquie ce jeudi pour évoquer la question de ces milices YPG.
Fethullah Gülen, adversaire d’Erdogan en exil aux États-Unis
Mike Pompeo devrait également évoquer lors de ce déplacement le cas du prédicateur turc Fethullah Gülen. Ancien proche d’Erdogan, cet homme est aujourd’hui régulièrement accusé par le pouvoir turc d’être à l’origine de toute opposition au gouvernement d’Ankara. Alors qu’il vit aujourd’hui en exil en Pennsylvanie, Gülen est soupçonné par Erdogan d’être à la tête du réseau qui aurait initié le coup d’État manqué en juillet 2016, tentative qui a déclenché une immense opération de purge dans tous les corps de l’État de la part d’Erdogan.