Emmanuel Macron et Justin Trudeau ont beau se voir pour la deuxième fois en moins de deux mois, les échanges économiques ne correspondent pas à la proximité affichée. Le Canada n’est que le trentième partenaire commercial de la France et les transactions sont assez limitées. La France n’exporte que pour 4 milliards d’euros et le Canada pour 2,2 milliards. Des échanges qui se font principalement dans un secteur, celui de l’aéronautique. Alstom fait partie des 600 entreprises françaises installées de l’autre côté de l’Atlantique.
Le président français et le Premier ministre canadien comptent sur l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, le CETA, pour changer la donne et diversifier les échanges. Il doit être ratifié par la France avant la fin de l’année. Il prévoit, notamment, la suppression de 98 % des droits de douanes.
En revanche, la mobilité, notamment professionnelle, reste importante entre les deux pays. Ainsi, les opportunités d'emploi sont nombreuses outre-Atlantique, comme l'explique Claude Fradette, conseiller au bureau d'immigration au Québec à Paris : "Le taux de chômage est très bas, les employeurs québécois recrutent. Donc si on peut avoir la chance de recevoir une offre d’emploi d’un employeur québécois, on pourra facilement obtenir un permis de travail et aller s’installer pour quelques années. Mon conseil, c’est de suivre les activités de recrutement à l’international des employeurs québécois, notamment dans les domaines des technologiques de l’information, l’ingénierie, les mécaniciens, les soudeurs, même les routiers qui sont en demande en ce moment."
L'inverse est aussi vrai, avec près de 13 000 Canadiens qui vivent en France. Mais pour Alix, 21 ans, qui vit à Paris depuis 10 ans, la France n'est pas l'eldorado qu'elle imaginait enfant : "Les gens ici n’ont pas vraiment d’intérêt à découvrir quelqu’un d’autre, tandis que là-bas, les gens sont intéressés par toi, veulent te connaître et passer un bon moment avec toi. Il y a une ouverture d’esprit que l’on n’a pas forcément ici."
Des difficultés en France, Anne-Isabelle en a également rencontré, notamment pour se loger. Un loyer trois fois plus élevé à Paris qu’à Québec. Mais malgré tout, elle ne regrette pour rien au monde d’avoir rejoint son compagnon français il y a quatre ans : "On dit que les Parisiens sont très speed, très pressés, mais je trouve au contraire qu’on arrive bien à prendre le temps d’aller prendre l’apéro entre amis après le travail, de souper ensemble, de faire de très longs repas et c’est toujours très agréable."
Même si le Canada manque parfois à cette libraire, elle trouve des ressemblances entre les deux pays. En particulier chez les dirigeants politiques, d’un côté, Justin Trudeau, 46 ans et, de l’autre, Emmanuel Macron, 40 ans : "Ce sont deux jeunes chefs d’État qui se veulent assez décontractés. C’est beaucoup sur l’apparence qu’on se base, mais ce sont deux jeunes libéraux qui ont des politiques assez semblables."
Propos recueillis par Cyprien Pézeril pour Sud Radio