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Mais qui est Alexeï Navalny, l'opposant russe qui défie Vladimir Poutine ?

Par Benjamin Jeanjean

Arrêté ce dimanche à Moscou dans le cadre d’une manifestation anti-corruption, Alexeï Navalny a été condamné à 15 jours de détention et une amende de 20 000 roubles. Il se pose aujourd’hui comme le principal opposant à Vladimir Poutine en vue de la présidentielle de 2018.

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Si la Russie n’est plus l’Union soviétique, la mainmise du Kremlin sur l’administration et la société civile reste forte dans le pays, spécialement depuis l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. Les nombreuses arrestations ce dimanche de manifestants anti-corruption dans plusieurs villes de Russie en sont les dernières illustrations. Parmi les personnes interpellées, un nom est aujourd’hui sur toutes les lèvres : celui d’Alexeï Navalny.

Agitateur, blogueur, et opposant politique

Avocat, militant et blogueur, l’homme de 40 ans fait figure de principal opposant politique à Vladimir Poutine et compte bien se présenter à la présidentielle de 2018. Formé au début des années 1990 à l'université de l'Amitié des peuples, passé par le parti d'opposition libéral Iabloko (d'où il a été exclu en 2007 pour ses prises de position nationalistes, un reproche qu’on lui a souvent adressé), Navalny s’emploie à mettre des bâtons dans les roues du gouvernement depuis 2007 déjà, lorsqu’il profitait de son statut d’actionnaire minoritaire de grands groupes semi-publics (Gazprom, Rosneft) pour exiger la transparence des comptes. Les élections législatives de 2011, qui déclenchèrent une contestation sans précédent, lui accorderont une notoriété certaine grâce à la virulence de ses prises de parole contre le Kremlin. En 2013, il obtient son premier succès électoral à l'élection municipale de Moscou, où il crée la surprise en arrivant en deuxième position avec 27,2%, juste derrière le maire sortant, l'ex-chef de cabinet de Vladimir Poutine Sergueï Sobianine.

Un habitué des procès

Sans surprise et à l’instar de nombreux autres opposants politiques depuis près de 15 ans, Alexeï Navalny a dû faire face à de nombreux procès. En mai 2012, il participe à une manifestation qui dégénère en heurts avec la police. Il est arrêté avec le dirigeant du Front de gauche Sergueï Oudaltsov et est condamné à quinze jours de prison pour désobéissance aux forces de l'ordre. En avril 2014, il est reconnu coupable de diffamation à l'encontre d'un député qu'il aurait qualifié de toxicomane. Il est condamné à une amende de 300 000 roubles. À la fin de la même année, il est condamné à trois ans et demi de prison avec sursis et son frère Oleg à la même peine (mais ferme) dans une affaire de détournement de près de 400 000 euros au détriment d'une filiale russe d’Yves Rocher. Assigné à résidence, il lance pourtant un appel à manifester sous les murailles du Kremlin, qui "ne mérite pas d'exister et doit être détruit" selon lui. Il est arrêté dans la rue devant des centaines de manifestants. En février dernier, il est condamné à cinq ans de prison avec sursis pour détournement de fonds dans une affaire (déjà jugée en 2013 et dont la décision, identique, avait été ensuite annulée) risquant d'entraver ses ambitions présidentielles pour 2018. Arrêté ce dimanche à Moscou, il a écopé d'une amende de 20 000 roubles (environ 325 euros) pour avoir organisé une manifestation non autorisée et à 15 jours de détention pour refus d'obtempérer lors de son arrestation, selon la décision du tribunal Tverskoï.

Une personnalité controversée en Russie

Orateur charismatique et porte-étendard de la corruption des élites russes, Alexeï Navalny n’en est pas moins controversé dans son pays. En 2011, un piratage de sa messagerie électronique le dépeint comme "un ultranationaliste corrompu financé par les autorités américaines" suite à la révélation de l’aide financière de la fondation National Endowment for Democracy pour le mouvement politique DA! qu’il avait co-créé. Son passage à l’université de Yale en 2010 donne également du grain à moudre à ceux qui tentent de le présenter comme un agent américain, tout comme les soupçons de financements étrangers pour sa campagne de l’élection municipale de Moscou en 2013.

Alexeï Navalny a également souvent été aperçu à des rassemblements nationalistes aux relents racistes tels que ceux organisés par le mouvement la Marche russe, même s’il aurait pris ses distances dernièrement avec ce milieu. En 2013, sa campagne électorale accordait notamment une grande place à la question de l’immigration. En décembre 2014, Alexeï Navalny déclare ainsi que "le problème de l'immigration illégale en Russie est cent fois plus important que l'Ukraine", tout en précisant qu’il ne rendrait pas la Crimée à l'Ukraine s'il en avait le pouvoir.

Ses articles sur son blog et ses coups d’éclat lui valent également quelques inimitiés… dans la rue. Navalny est en effet régulièrement entarté ou couvert de désinfectant indélébile par des inconnus, peut-être inspirés par les nombreux reportages à charge diffusés aux heures de grande écoute sur des chaînes de télévision publiques.

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