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Philippe Hugon : "La France est particulièrement visée par Aqmi au Sahel"

Par Benjamin Jeanjean

Invité du Grand Matin Été sur Sud Radio ce lundi, Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste de l’Afrique, revient sur l’attentat terroriste de dimanche soir à Ouagadougou, au Burkina-Faso.

Blindé de l'armée française patrouillant dans les rues de Tombouctou (Mali) (©Pascal Guyot - AFP)

Au moins 18 morts, dont un Français. Tel est le bilan dressé par les autorités burkinabè suite à l’attaque terroriste qui a touché ce dimanche soir un café-restaurant de Ouagadougou (Burkina-Faso). Un attentat qui s’inscrit dans un contexte régional marqué par le terrorisme islamiste depuis plusieurs années selon Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris et spécialiste de l’Afrique, invité du Grand Matin Été sur Sud Radio ce lundi. "Cet attentat fait énormément penser à celui qu’il y a eu en janvier 2016 contre le café Cappuccino et l’hôtel Splendid, avec ce lieu fréquenté par beaucoup d’Occidentaux. Cet événement montre que le Burkina-Faso se trouve bel et bien dans cet espace d’insécurité qui s’est développé à partir de la Libye et du Mali et qui s’est étendu jusqu’en Côte-d’Ivoire", déclare-t-il.

"Un pays enclavé, l’un des plus pauvres du monde"

Selon lui, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette attaque et le choix du Burkina-Faso comme cible. "Il y a une imbrication de facteurs. Des facteurs internationaux, avec l’extension territoriale des réseaux terroristes très difficiles à endiguer, et des facteurs nationaux et propres au Burkina-Faso. C’est un pays enclavé, l’un des plus pauvres du monde, qui avait connu une relative stabilité mais qui depuis la chute de Compaoré et la décomposition du service de renseignement se trouvait en forte difficulté. Dans ce pays, énormément de jeunes n’ont aucune perspective et sont prêts à en découdre ou à s’intégrer à des réseaux de trafic qui les rémunèrent", explique-t-il.

"Aqmi est en opposition radicale avec l’État Islamique"

Alors que l’État Islamique concentre l’attention de nombreux services de renseignements depuis 2014, Al-Qaïda, et notamment sa filière sahélienne (Aqmi), reste très active dans la région, elle qui a choisi de modifier son mode opératoire. "Au départ, Aqmi prenait plutôt des otages. Aujourd’hui, ses actions sont plutôt disséminées, avec bien souvent des attentats-suicide. L’organisation a également étendu son terrain. Il faut savoir qu’Aqmi est en opposition radicale avec l’État Islamique, il y a donc des enjeux de prise de pouvoir entre ces deux mouvances jihadistes", assure Philippe Hugon.

"La France est le premier pays qui lutte contre le terrorisme au Sahel, donc le premier ciblé"

Quoi qu’il en soit, ce dernier admet que la France est aujourd’hui dans le collimateur des jihadistes sahéliens. "La France est particulièrement visée par Aqmi. D’une part parce qu’il y a une forte présence française dans les pays francophones, et d’autre part en raison de l’opération Barkhane, dont Ouagadougou est l’un des sièges. La France est le premier pays qui lutte contre le terrorisme au Sahel, donc le premier ciblé. Il y a encore des liens très forts et des coopérations militaires qui font que la France est en première ligne", explique-t-il.

Retrouvez ici l’intégralité de l’interview de Philippe Hugon dans le Grand Matin Été

 

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