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Spoutnik V - "Ce débat tourne à l'irrationnel, on préfère s'asseoir sur nos intérêts"

Le vaccin russe crée un dilemme au sein de l'Europe, partagée entre besoin sanitaire et enjeux diplomatiques. L'Allemagne ne se femre aucune porte et ouvre des discussions mais la France semble encore réticente. Par dogmatisme ? C'est l'avis de Philippe Migault, spécialiste des questions russes.

Le vaccin russe sera distribué dans 48 pays, à dater du 9 avril. (Photo de Mahmud Hams / AFP)

Les discussions sont en cours entre l'Allemagne et la Russie sur de possibles livraisons de vaccin russe, le Spoutnik V. C'est ce qu'annonçait hier le ministre allemand de la Santé. La Bavière, pour exemple, a déjà négocié un contrat de 2,5 millions de doses.

Pourtant, l'utilisation du vaccin russe crée un malaise au sein de l'Union européenne. Alors que la Hongrie a déjà décidé de recourir à ce vaccin sans attendre et que l'Autriche et la Slovaquie sont en pourparlers, la France, elle, s'y refuse. Pour Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, la Russie fait de son vaccin un outil de propagande dans le monde. Une position contredite par Philippe Migault, directeur du centre européen d'analyses stratégiques et spécialiste de la Russie, qui déplore une posture de principe.

"Quand bien même la Russie nous proposerait 200 millions de doses maintenant, certains Etats refuseraient par dogmatisme, par hostilité à Vladimir Poutine. On n'est plus dans un débat scientifique mais dans un débat qui tourne à l'irrationnel. On préfère s'asseoir sur nos intérêts plutôt que de travailler avec quelqu'un qui nous offrirait une solution."

 

Pour information, l'Agence européenne du médicament n'a pas encore rendu son avis sur le Spoutnik V. Ce qui n'empêche pas les pays européens qui l'utilisent déjà de passer outre cet avis. Philippe Migault poursuit, ne mâchant pas ses mots.

"Ce vaccin est un outil diplomatique autant qu'un outil scientifique. On sait bien, en période de crise sanitaire, que c'est le moyen de tendre une main, de montrer sa bonne volonté. Le problème, c'est que cette main tendue est un moyen de renouer le dialogue avec les Européens. Et certains ne veulent surtout pas que le dialogue se renoue."

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