Après la chute du régime d’El-Assad, Abou Mohamed Al-Jolani, le chef islamiste du mouvement HTS, est le nouveau leader de la Syrie. À quoi faut-il s’attendre désormais, alors qu’il n’existe en fait pas d’islamiste modéré ? Qu’en pense Myriam Benraad, spécialiste du Moyen-Orient, auteure de “Mécaniques des conflits” (Éditions Le Cavalier Bleu) ?
Une réalité plus violente et inquiétante
"On peut s'inquiéter, derrière les belles promesses de modération et de respect, pour la diversité syrienne, notamment les minorités et les femmes, estime-t-elle. Maintenant qu’ils sont au pouvoir, on se dirige vers un régime beaucoup plus dur. Sans compter qu’il y a eu une déformation informationnelle de ce qui s’est passé. La réalité sur le terrain était beaucoup plus violente et inquiétante."
Quelle réalité aurait-on occulté en Europe sur cette prise de pouvoir, à force de se réjouir de la chute du dictateur ? "Il faut d’abord distinguer les scènes de liesse vues en Syrie et celles vues à l’extérieur. Du côté des réfugiés syriens, on va se réjouir. Dans un certain nombre de villes, ce sont celles des partisans des djihadistes, pas de toute la population."
"On a gommé, dans les médias occidentaux, la réalité sur le terrain. Les scènes de liesse qu'on a vues en Syrie sont celles des partisans des djihadistes. Les minorités sont terrifiées et les femmes sont très inquiètes" alerte Myriam Benraad #GrandMatinhttps://t.co/PMWsysCru1 pic.twitter.com/jTwNUT7uY2
— Sud Radio (@SudRadio) December 12, 2024
Syrie : "Mais qui sont les libérateurs ?"
"On a assisté à cette opération de respectabilité sur CNN, où les Américains ont présenté Al-Joulani comme un simple militant, rappelle Benraad, spécialiste du Moyen-Orient. En réalité, des centaines de milliers de Syriens sont déplacés. Les minorités sont terrifiées de voir s’abattre sur elle un véritable diktat djihadiste. Les femmes sont très inquiètes, on assiste à des scènes de pillage. Ce n’est pas qu’il ne fallait pas libérer la Syrie, mais qui sont les libérateurs ?"
"La Syrie purifiée, grâce à Dieu tout puissant", a déclaré Abou Mohamed Al-Jolani. "Mais de qui parle-t-on ? Le dictateur est parti, et il y a tout l’appareil d’État, Beaucoup de Syriens n’avaient pas le choix. Ils ont déjà dressé des listes de cibles, alors qu’Al-Joulani avait dit que la transition ne se ferait pas sous la bannière de la vengeance. En réalité, on est en plein dedans."
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