Changement de cap en Suède, qui fait marche arrière sur le tout numérique à l’école. Les bons vieux manuels papier vont faire leur retour, un investissement de 60 millions d’euros.
"Une gabegie de plusieurs milliards d'euros"
"La Suède avait commencé plus tôt que les autres et l’a fait de façon intense. C’est normal qu’elle soit en première ligne pour constater les résultats, résume Michel Desmurget, chercheur spécialisé en neuroscience cognitive, auteur de Faites-les lire, pour en finir avec le crétin digital à paraître en septembre prochain aux éditions du Seuil. Cela fait maintenant vingt ou vingt-cinq ans qu’il y a des études sur ces sujets. Toutes celles de grande ampleur montrent que ce sont des investissements au mieux perdus, sans bénéfice pour les enfants."
"Au pire, les dernières études de comparaison internationale montrent que cela a des effets négatifs. En France, la Cour des Comptes a dénoncé des investissements pharaoniques. Une gabegie financière de plusieurs milliards d’euros sans réflexion sur l’impact pédagogique. La Suède est sortie du baratin des lobbyistes pour s’intéresser aux effets de ces investissements."
🎒 Marche arrière pour la Suède : le gouvernement a annoncé un retour aux manuels scolaires dans les écoles
🗣️ "Balancer des milliards d'euros pour donner des tablettes numériques à des enfants alors que l'on sait que ce n’est pas la bonne solution, c'est ridicule ! Ce sont des… pic.twitter.com/IwG8dAJaYU
— Sud Radio (@SudRadio) August 24, 2023
Tablettes : en Suède, le corps médical dit stop
Au-delà du coût, quels en sont les inconvénients pour les enfants ? "Si on parle de leur enseigner les outils informatiques, aucun problème. Ce qui fait la différence, c’est la qualité des enseignants, dans leur formation initiale et continue, estime Michel Desmurget, chercheur spécialisé en neuroscience cognitive. La Suède a des commissions censées éclairer le gouvernement. Des gens ne sont pas toujours indépendants des impératifs commerciaux, actionnaires ou membres de start-up vendant ce genre d’outils. Ils ont conseillé à la ministre de l’Éducation de continuer, et c’est le corps médical qui a dit stop. Pour une bonne part, ils commencent à s’alarmer."
Pourquoi la France continue-t-elle à investir dans les manuels numériques ? "Cela commence à bouger. Pendant longtemps, on était dans une sorte de modernité magique, à mettre des ordinateurs à la place des professeurs de français. Nous en sommes à un niveau tellement dégradé que cela commence à se voir. On ne peut plus dire aux parents et aux enseignants que c’est formidable, ces gamins digital natives. Quand on met ces outils entre les mains des gamins, ils s’orientent vers les usages récréatifs les plus délétères."
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