58 morts et au moins 515 blessés. Tel est le bilan, encore provisoire, de l’attaque du Mandalay Bay perpétrée ce dimanche à Las Vegas par Stephen Paddock, retraité américain de 64 ans. Directeur de recherche à l’Iris et auteur notamment de Daesh : l’arme de la communication dévoilée, François-Bernard Huyghe décrypte au micro de Sud Radio le profil de l’auteur de la fusillade la plus meurtrière aux États-Unis depuis 25 ans.
"Jusqu’à présent, Amaq n’a jamais revendiqué par opportunité"
"Un retraité blanc venant du Nevada profond et qui se suicide avant l’arrivée de la police, ce n’est pas un profil habituel pour un jihadiste. En revanche, l’argument qui va en sens inverse, c’est que jusqu’à présent, Amaq, l’agence de presse de l’État Islamique, n’a jamais revendiqué par opportunité et ne s’est jamais trompée sur un attentat jihadiste, sauf pour un cas aux Philippines. Par ailleurs, cet attentat à Las Vegas, la "capitale du vice", rappelle un peu l’attentat contre une boîte de nuit gay à Orlando (Floride) qui, lui, avait bien été accompli par un partisan de Daesh", assure-t-il.
Alors que le FBI demeure prudent sur la revendication de l’État Islamique, François-Bernard Huyghe assure en tout cas que l’organisation terroriste n’a pas pour habitude de se tromper. "On voit ici une coïncidence entre ce que les Américains appellent un mass shooting (un type qui se met à tirer sur la foule avec des armes automatiques, dans son école, à l’université ou sur une place publique), et une motivation islamique évoquée. En général, l’État Islamique, qui ne veut surtout pas se faire décrédibiliser ou ridiculiser, a des moyens de vérification. Est-ce qu’on apprendra que Paddock avait des contacts avec un islamiste, qu’il a lancé des messages, qu’il a fait allégeance au califat… ? Il faudra attendre quelques jours pour le savoir", déclare-t-il.
"Des appels à frapper les États-Unis et les pays de la coalition"
Le spécialiste du terrorisme n’est d’ailleurs pas surpris par l’affirmation de l’agence Amaq, qui assure que Stephen Paddock a agi en réponse aux appels à prendre pour cible les pays membres de la coalition internationale en Irak et en Syrie. "Dans la littérature jihadiste qu’on trouve sur Internet, il y a effectivement des appels à frapper les États-Unis et les pays de la coalition. Souvenons-nous que les tueurs du Bataclan avaient tiré dans la foule en disant "C’est pour Hollande, c’est parce que vous nous bombardez". Ce n’est donc pas un thème nouveau", rappelle-t-il.