59 Palestiniens, selon un dernier bilan, ont trouvé la mort lors de la répression sanglante de manifestations au bord de la frontière à Gaza, en même temps que l'inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem.
Invité du Grand Matin Sud Radio, Stéphane Amar, journaliste basé à Jérusalem, explique que le calme est pour l'instant retombé, mais que la journée de ce mardi est "vraiment placée sous haute tension".
"Les autorités israéliennes s'attendent au pire, parce que la grosse journée de manifestation est censée être aujourd'hui, le 15 mai, jour de la création de l'État d'Israël, qui est vécue comme une catastrophe par les Palestiniens", a-t-il expliqué.
Si le décalage entre les images de l'inauguration, en grande pompe, avec des scènes d'euphorie, de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem, et celle du bain de sang à Gaza, était frappant, Stéphane Amar indique également que la population israélienne soutient massivement son gouvernement, malgré la violence de la réponse des forces de l'ordre.
"Cette ambassade, ça faisait des décennies qu'on l'attendait en Israël, a rappelé Stéphane Amar. C'est une reconnaissance à la fois de Jérusalem comme capitale d'Israël, mais également de l'annexion, d'une certaine manière, de la partie Est de Jérusalem il y a tout juste 51 ans, en 1967. Il y a donc cette euphorie et, de l'autre côté, ces images terribles à Gaza. Du côté israélien, elles ne suscitent pas l'indifférence, mais on estime très majoritairement que ce sont les Palestiniens qui sont responsables de la situation. La population israélienne soutient massivement son armée et la violence de la riposte de l'armée israélienne ne fait pas vraiment débat ici (...) Les Israéliens ont une réaction extrêmement dure, mais elle a l'approbation d'une majorité de la population, qui est derrière son gouvernement, on le voit dans les sondages."
Auteur du livre Le Grand Secret d'Israël : Pourquoi il n'y aura pas d'État Palestinien (éd. Observatoires), Stéphane Amar explique également "l'impossibilité matérielle" de créer un État Palestinien : "Il n'y a pas de possibilité de tracer une frontière. En Cisjordanie, il y a actuellement un demi-million d'Israéliens qui sont installés dans les colonies, placées de manière réfléchie, car elles coupent la continuité territoriale palestinienne et entraînent une impossibilité de créer un État palestinien. C'était le but de ces implantations, tout comme à Jérusalem Est, où il y a maintenant plus d'Israéliens que de Palestiniens. Je ne vois pas comment on pourrait faire machine arrière. On a essayé de tracer une frontière au moment d'Oslo, ça s'est terminé dans un bain de sang. Et pour une raison très simple, c'est que les deux peuples veulent exactement la même chose, les mêmes terres. C'est insoluble."
Écoutez l'interview de Stéphane Amar, invité du Grand Matin Sud Radio, présenté par Patrick Roger et Sophie Gaillard