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Drogue : "Ce n'est pas le rôle d'un policier d'être percepteur public !"

Par Aurélie Giraud

Emmanuel Macron veut des amendes payables immédiatement pour les consommateurs de drogue. Abdallah Nair, membre du collectif Maison-Blanche, dans le XIVème arrondissement de Marseille, et Éric Henry, porte-parole d’Alliance Police, étaient les invités de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio le 26 juin dans "Parlons Vrai chez Bourdin".

Bourdin Émile
Parlons Vrai chez Bourdin du lundi au vendredi de 10h30 à 12h30 sur Sud Radio et en podcast.

Emmanuel Macron souhaite viser les consommateurs pour attaquer les trafics de drogue. Dans un entretien au journal La Provence, il annonce vouloir que les consommateurs payent directement leur amende aux forces de l'ordre par carte bancaire ou en espèces. Le décret doit être publié à la fin du mois d'août 2023.

Drogue : "On n'attend rien de la venue d'Emmanuel Macron à Marseille"

Abdallah Nair reconnaît que ça "pourrait être bien". "Mais il ne faut pas oublier que ces personnes sont atteintes psychologiquement. La drogue qu'ils fument passe directement au cerveau. Ils ont besoin d'aide, ce serait bien de les pousser aussi à aller se faire soigner". Il estime par ailleurs que "le consommateur est complice du trafic, car il enrichit". "Les consommateurs ne viennent pas que des quartiers de Marseille", tient-il à souligner. "Mais aussi des villages alentours, des communes environnantes".

Qu'attend-il de la visite d'Emmanuel Macron ? "Hier, une jeune fille s'est fait arracher la jambe. Un jeune mineur a été frôlé par des balles et un corps a été retrouvé dans un véhicule cassé. La situation est toujours très tendue. On attend le néant de la venue de Macron", confie Abdallah Nair. "On n'y croit plus. L'État a du mal à réagir face à ce fléau, la violence dans cette ville gangrénée par la drogue. Monsieur Macron est venu il y a 2 ans, rien n'a changé dans certains quartiers". "Il a fallu une série de règlements de compte en une semaine pour déployer la CRS 8. Le climat est pesant pour nous les habitants, mais aussi les touristes qui ont peur".

"Ce n'est pas le rôle d'un policier d'être percepteur public !"

Pour Éric Henry, "ce n'est pas le rôle d'un policier d'être percepteur public. On est déjà assistant social lors de nos interventions, on prodigue aussi souvent les premiers soins, on conseille, on soutient. On a aussi un rôle d'interpellation en cas de crime ou de délit. Que devra faire le policier si l'individu n'a qu'une partie de l'argent ?", interroge le porte-parole d’Alliance Police. "Devra-t-il faire signer une reconnaissance de dette ? Le reliquat sera payé où et comment ? Si le collègue est appelé sur une autre intervention et qu'une partie de l'argent est perdu, il y aura une présomption de culpabilité sur sa probité ?"

"Ça reste une bonne idée mais il faut s'attaquer aux racines du mal. Le trafic de drogue qui gangrène le bien vivre ensemble. Et clarifier le statut du consommateur. Le code de santé publique indique que c'est une victime, malade, mais le code pénal le considère comme complice. Quand on achète de la drogue, on est clairement complice", estime Éric Henry. "On demande l'application de la législation. Le code pénal doit être appliqué, la réponse pénale doit être à la hauteur, il faut qu'elle dissuade". "On demande la réaffirmation de l'autorité de l'État".

 

 

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