Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à 2020, avec 122 femmes tuées, contre 102 en 2020, selon le ministère de l'Intérieur. Moins d'une victime sur 4 porte plainte aujourd'hui.
Féminicides : "La victime de violences conjugales, ce n'est pas que la femme qui est pleine de bleus"
En 2 jours, 3 femmes sont mortes, tuées par leur compagnon ou leur ex-conjoint. Deux des victimes avaient porté plainte pour violences contre les hommes qui les ont tuées. De quoi interroger sur l'efficacité des mesures de protection existantes. "Ça pose beaucoup de questions" confirme Sandrine Bouchait. "On se demande comment sont faites les évaluations du danger" dénonce-t-elle. "Pour l'une des victimes, Monsieur avait été condamné à 20 ans de réclusion pour tentative de féminicide". "Se pose une autre question : la prise en charge et le suivi des agresseurs". Par ailleurs, "La victime de violences conjugales, ce n'est pas que la femme qui est pleine de bleus" tient-elle à préciser.
"La victime de violences conjugales, ce n'est pas que la femme qui est pleine de bleus"
► Sandrine Bouchait (@BouchaitS), Présidente de l'Union nationale des familles de féminicide (@UNFFeminicide)
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29 féminicides ont déjà été dénombrés depuis le 1er janvier 2023. "Non seulement ça ne diminue pas mais cette année, c'est en augmentation" déplore la présidente de l'Union nationale des familles de féminicide. "On avait atteint ce chiffre au mois d'avril". Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée chargée de l'égalité entre femmes et hommes, propose la mise place de structures médico sociales adossées à un hôpital. "C'est une bonne démarche" reconnaît Sandrine Bouchait. "En tant qu'association on salue toutes les initiatives pour protéger les femmes. Mais ce n'est pas suffisant".
"Le mot commun de toutes les familles de victimes est solitude"
Le gouvernement envisage aussi d'enrichir le fichier de protection des victimes de violences intra-familiales. "L'Espagne est très en avance sur les droits des femmes. La France ferait bien de s'en inspirer" estime Sandrine Bouchait. "L'Espagne dispose d'un outil informatique qui permet à toutes les institutions qui vont accompagner la femme, magistrats, policiers, services sociaux, de rentrer tout ce qui va se passer pour la femme victime de violences. Et évaluer le danger en temps réel. Tout le monde peut le compléter et le consulter. Ça a fait baisser la récidive de 63% en Espagne. Il y a juste à copier, il n'y a rien à inventer !"
"Le problème en France est qu'on ne prend pas en charge les agresseurs" ajoute-t-elle. "La prison c'est bien, mais il faut les soigner. Il n'y a aucun accompagnement médical". Sandrine Bouchait prend pour exemple l'assassin de sa soeur, condamné à 20 ans. Il n'a pas eu d'obligation de soin. Il va sortir et il peut recommencer". "Une justice spécialisée est également très important. Aujourd'hui Monsieur peut être condamné au pénal pour violences sur Madame, mais on peut lui octroyer un droit de visite aux enfants". Les familles de féminicides ne sont accompagnées que par les associations. "Le mot commun de toutes les familles de victimes est solitude". "On nous apprend la mort de notre proche et on est tout seul. On doit se dépatouiller devant la grosse machine judiciaire".
"L'assasin de ma sœur a pris 20 ans de prison sans obligation de soins. Il peut sortir et recommencer"
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