Au bord de la rupture avec l'Assurance maladie et le gouvernement, les médecins libéraux réclament des hausses de tarifs des consultations et s'opposent à une proposition de loi examinée actuellement au Sénat.
Médecins en grève : "70% des médecins devront changer leurs pratiques"
"Nous allons battre le pavé, ce qui est assez inhabituel chez les médecins !" confirme Sophie Bauer. "Mais l'enjeu est d'importance. Pendant que tout le monde a les yeux rivés sur la loi retraites, passent en catimini des lois destructrices du système de santé français", dénonce-t-elle. "Elles visent à instaurer un système de santé à plusieurs vitesses, au détriment de ceux qui ne pourront plus s'offrir d'aller voir un médecin. Nous sommes très inquiets pour les patients. Si cette loi et les suivantes passent, 70% des médecins devront changer leurs pratiques. 70% des médecins sont prêts à prendre leur retraite, à travailler à l'étranger, à se déconventionner, voire à changer de métier !"
La proposition de loi portée par la députée Renaissance Stéphanie Rist vise notamment à donner aux patients un accès direct à certains professionnels paramédicaux. Les consultations chez un kiné ou un orthophoniste par exemple ne nécessiteraient plus un passage obligé chez le médecin pour obtenir une ordonnance. "On confierait à des professions de santé qui n'ont pas la compétence médicale de faire du primo-diagnostic et de la primo-thérapeutique", fustige Sophie Bauer. "C'est dangereux pour les patients !"
"On va sur-saturer des professionnels qui sont déjà en tension !"
Olivier, kiné, travaille dans une maison de santé pluridisciplinaire qui compte 27 praticiens. Pour lui, "l'idée de cette loi est de travailler en équipe et pas d'opposer les gens les uns aux autres". Il s'occupe notamment de patients atteints de mucoviscidose, dont 2 patients depuis 25 ans. "J'ai largement les compétences pour traiter et prolonger les séances de rééducation ! Je connais mes patients, je n'ai pas besoin d'une nouvelle ordonnance à chaque fois. Et je suis en relation directe avec le pneumologue et le médecin généraliste qui les suivent. Le médecin généraliste n'est pas court-circuité dans le traitement du patient".
"Nos médecins généralistes ont fait 9 ans d'étude, bientôt 10 ans", répond Sophie Bauer. "C'est le paradoxe supplémentaire ! D'un côté on donne un accès direct à des paramédicaux, tandis qu'on rajoute une année supplémentaire aux généralistes. Il faut souligner le manque de cohérence !" Cette proposition de loi permet par ailleurs aux infirmiers et aux sages-femmes de réaliser certains actes à caractère médical. L'objectif est de permettre un meilleur accès aux soins. Mais pas pour Sophie Bauer. "Cette loi met en première position des professions déjà en tension. On va sur-saturer des professionnels qui sont déjà en tension !"
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